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Du huis-clos aux guichets fermés


Il y a un peu plus de trois ans maintenant, les 19 et 20 septembre 2020, la 88e édition des 24 Heures du Mans se tenait à huis clos. Si son issue sportive ne fut pas particulièrement mémorable - nous étions alors au cœur de la période de cavalier seul de Toyota - cette édition a pourtant été marquante. Elle a permis d’assurer la continuité de l’épreuve. Elle a surtout permis de mesurer pour de nombreux fans la puissance du manque, la force de l’absence. Ne pas effectuer son pèlerinage annuel a été pour de nombreux amateurs un moment cruel.

Sans public, la course continue

J’ai eu la chance de faire partie de la poignée de photographes, journalistes et autres personnels accrédités. Je mesure la sensation de faire partie des privilégiés, ceux qui peuvent encore dire aujourd’hui qu’il viennent au Mans sans interruption depuis des années. Circulant au sein de « bulles » pour éviter tout contact avec les pilotes et personnels des équipes, j’ai vécu une semaine étrange. Comme si le grand circuit, vide, était un décor, mais que nous étions en train d’effectuer un filage.  Une répétition pourtant bien réelle. Sans spectateur, sans liesse, sans tout le décorum entourant l’épreuve, tout était différent, mais bien plus simple. 

Chaque soir, je quittais le circuit dans ma voiture de location en quelques minutes pour rejoindre mon hôtel, tout proche du circuit. La première fois d’ailleurs que je pouvais me payer une chambre à un prix raisonnable sans m’aventurer dans la campagne sarthoise. Mais le monde ouvert et le festival populaire qu’est Le Mans était devenu un environnement presque méconnaissable.

Je n’ai que peu de souvenirs de cette édition, comme si mon cerveau ne voulait pas s’encombrer avec une semaine de travail studieuse mais manquant cruellement d’humain.

Un engouement décuplé par l'absence

Le Mans à huis-clos n’a pas été un traumatisme, ni pour moi je vous l’assure ni pour vous je l’espère. Mais cette édition a lancé une nouvelle dynamique dont on mesure aujourd’hui les effets. En premier lieu, c’est l’importance de la couverture de l’événement et son exposition sur les différents médias qui a explosé. Aujourd’hui, sans vous rendre au Mans en juin, vous pouvez tout voir ou presque avec votre smartphone.

En passant dans le tunnel sous la piste au début de la ligne droite des stands, sans entendre des Anglais brailler ou des Hollandais se chamailler le samedi 19 septembre 2020 au soir, je me demandais si le monde d’avant allait revenir. Il est revenu. En mieux.

C’est aussi l’importance de l’expérience, le fait de vivre sur place la course qui me semble aujourd’hui retrouvé.  Il suffit de voir l’engouement pour l’édition du centenaire avec une billetterie prise d’assaut Oui, il s’agissait des 100 ans, et l’affiche était clairement bien plus attractive que sous la période Toy’. Mais je crois qu’il y a aussi une part de passion retrouvée, d’envie de voir, sentir, toucher les voitures.

Le Mans 2020, à huis clos
Le Mans 2020, à huis clos - photo : Regis Lefebure / Risi Competizione

Le huis-clos, comme les confinements et les périodes de restrictions, a permis enfin de faire émerger la pratique du jeu vidéo et notamment de mettre en lumière le sim-racing. L’arrivée en fin d’année d’un jeu vidéo officiel des 24 Heures du Mans (Le Mans Ultimate) est possible en partie grâce à cette poussée des 24 heures du Mans virtuelles, et à un nombre de joueurs plus important depuis 2020.

En passant dans le tunnel sous la piste au début de la ligne droite des stands, sans entendre des Anglais brailler ou des Hollandais se chamailler le samedi 19 septembre 2020 au soir, je me demandais si le monde d’avant allait revenir. Il est revenu. En mieux. L’édition 2024 des 24 Heures du Mans pourrait une nouvelle fois être prise d’assaut. La billetterie, dont la vente s’effectuera en trois phases, s’ouvrira début novembre.

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4 réflexions au sujet de “Du huis-clos aux guichets fermés”

  1. Bonsoir monsieur
    Votre article est tout à fait intéressant, mais est bien celui d'une personne vivant dans le " milieu " . Ne pas faire de vagues !! Quant est il des pauvres " membres " de l'ACO auxquels on dit" votre seul droit, c'est de payer et de vous satisfaire de ce que l'on vous donne ". Après 74 ans de présence et 70 ans de présence effectives il me semble que les dirigeants actuels oublient un peu trop facilement d'où ils viennent et surtout d'où vient l'endurance automobile, mais c'est plus facile de faire cocorico aujourd'hui que de faire profile bas. Je vous souhaite de bien en profiter. Je ne suis pas certain de continuer à souscrire à ce genre de foutage de gueule
    Bien à vous

    • Bonjour.

      En préambule, je le précise, j'ai le sentiment de faire partie des privilégiés. Pour autant, je ne fais pas parti du "milieu", ayant des engagements professionnels à côté d'Endurance Magazine et de toutes les éventuelles collaborations que je peux réaliser. Pour vous répondre sur le foutage de gueule, je ne sais pas s'il s'adresse a moi ou à l'ACO. Sachez, pour connaître plusieurs personnes qui ont œuvré à la tenue de la course en 2020, que tout a été fait pour essayer de trouver des solutions et accueillir du public. Mais les restrictions sanitaires très fortes ont contraint les organisateurs a finalement organiser l'épreuve sans spectateurs. Pour ne pas exploser les coûts. Pour ne pas risquer de faire du Mans un cluster géant. Je sais la tristesse de nombreuses personnes qui n'ont pas pu venir. Je sais le désarroi aussi de fans qui n'ont pas eu leurs billets en 2023.

  2. Fidèle des 24Heures du Mans depuis mon plus Jeune Âge..Bien entendu avec Mes Parents qui mon fait découvrir.... La Plus Belle Course d Endurance Au Monde ..et
    C est Pourquoi Aujourd hui Je me Rends chaque Années...
    Membre ACO... depuis très longtemps
    Et Toujours Passionné.
    Bien Passionné Mans
    Patrick

  3. Oui moi aussi j y étais. J avais l impression que les voitures courraient juste pour moi. Passionné aussi depuis mon plus jeune âge que ma famille m à transmis cette passion.

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