Après la victoire de 2016, et le résultat mitigé de 2017, Ford veut réagir en 2018. La catégorie LMGTE Pro évolue et ne simplifie pas le travail pour la marque : Ferrari toujours présent, Porsche plus redoutable que jamais avec sa 911 RSR démoniaque, Aston Martin qui défend son titre (et ce avec un nouveau modèle), Chevrolet en taulier et BMW en rookie imprévisible. Le challenge est relevé pour les 24 Heures du Mans. Il est à noter que Ford ne génère pas la plus grande ferveur dans le public. Et le premier coup au moral arrive à l’annonce des décorations spéciales pour célébrer les 70 ans de Porsche avec notamment la Porsche Pink Pig 911 RSR. Difficile d’exister après ce raz-de-marée provoqué par la marque de Zuffenhausen. Ford est un peu sur la touche.
2018, la bonne année pour (re)gagner ?
La Balance de Performances n'est, pour 2018, pas tant défavorable à Ford. Les voitures aux ovales s’étaient vues attribuer un lest de 12 kg, et pas de réduction de puissance majeure, à l’inverse d’Aston Martin et de BMW, qui présentaient tous deux de nouveaux modèles. Lors de la traditionnelle Journée Test, Ford est en formation, les quatre voitures se suivant au classement. Mais une épine allemande se trouve en piste.
Porsche est redoutable et n’a quasiment pas été impacté par la BoP. La nouvelle fait mal à la fin des tests. Ford voit son réservoir bridé de deux litres et doit prendre du poids en plus. Dans le même temps, Porsche ne subit aucune modification. Le week-end, qui s’annonçait dur, le devient d’autant plus.
Mais les espoirs reprennent vie après les séances de qualifications : Porsche est devant avec deux 911 RSR, et un temps canon de Gianmaria Bruni, et les quatre Ford GT sont en formation derrière. L'Automobile Club de l'Ouest (ACO) décide de revoir la Balance de Performances : Porsche sera pénalisé d’une part, mais Ford allégé de huit kilos ! La course s’annonce extrêmement serrée devant, un duel américano-germanique devrait logiquement avoir lieu.
Une bataille mythique
Les écarts sont faibles, et les LMGTE Pro bataillent pendant cette édition 2018 des 24 Heures du Mans (que vous pouvez revoir en intégralité ici). Tandis que l’énorme BMW M8 GTE est moquée sur les réseaux sociaux, en comparaison du "prototype qu’est la Ford GT", les Porsche montrent leurs dents. Décorées en « cochon rose » et en une marque de cigarettes bien connue des fans d’endurance, elles impriment un rythme soutenu sans faiblir, ce qui aura raison des concurrents, les uns après les autres.
Mais Ford résiste, et ce plutôt bien. Du moins, avec une voiture. Seule la #68, de Joey Hand, Dirk Müller et Sébastien Bourdais arrive à tenir tête au duo de Porsche. La #66 est plus loin derrière, tandis que les deux autres termineront dans les méandres du classement.
Mais vient le fameux affrontement. Distancés par la Porsche n°92 du trio Christensen/Vanthoor/Estre qui se dirige vers la victoire, la bataille fait rage pour la deuxième place. Sébastien Bourdais va livrer une prestation incroyable contre un Fred Makowiecki en état de grâce. Niché derrière la Porsche, Bourdais place un dépassement sensationnel dans la courbe d’Indianapolis, réputée pour sa difficulté tant la vitesse de passage est élevée. Mais « Mako » revient très fort en sortant mieux d’Arnage, tassant Bourdais à l’extrême dans une manœuvre défensive limite mais mémorable.
Le fait de course fera couler beaucoup d’encre, et Bourdais lui même montera au créneau. Difficile pour lui, quand la très grande majorité du public était pour la Porsche, de se manifester d’autant plus. Au final, Porsche inscrit un doublé, qui fut aussi un excellent coup de publicité. Mais Ford peut douter. Comment quatre voitures aussi développées peuvent terminer aussi loin, malgré une place sur le podium ? Les langues se délient : et si Ford étant "victime" de sa victoire de 2016 et condamné à faire de la figuration ?
La firme essayera une dernière fois la classique mancelle en 2019. Après une année de succès et deux ans de bons résultats, mais frustrants, Ford voulait faire de 2019 une apothéose. Manqué.