50 ans après sa dernière participation officielle aux 24 Heures du Mans dans la catégorie reine, 58 ans après sa dernière victoire, le Cavalino Rampante s'impose ! Au-delà du symbole que représente cette victoire Ferrari aux 24 Heures du Mans 2023, c'est un petit exploit que vient de réaliser la marque italienne. Faire triompher un modèle dès sa première tentative au Mans reste rare. Surtout lorsque la concurrence est aussi forte que celle que nous avons pu voir cette année.
Ferrari a remporté l'édition du centenaire des 24 Heures du Mans avec la 499P pilotée par Alessandro Pier Guidi, James Calado et Antonio Giovinazzi. En réalisant 342 tours (un peu plus de 4 600 km), le constructeur de Maranello a décroché un résultat historique pour son retour.
Sommaire
Une victoire qui confirme la performance ET la fiabilité des 499P
Les Ferrari 499P s'élançaient des deux premières places de la grille de départ. Comme lors des 1000 Miles de Sebring avec la pole position ou encore à Spa-Francorchamps avec le tour (annulé) de qualification, on savait que les 499P avaient de la vitesse. "La performance ne nous inquiétait pas trop, c'est sur la fiabilité que nous avions des doutes" confie après l'arrivée James Calado.
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L'Anglais, pur produit de la marque, a du mal à cacher sa surprise, presque "choqué" d'être parvenu à décrocher cette victoire si importante. Déjà vainqueur à deux reprises en catégorie LMGTE Pro avec Ferrari (2019 et 2021), il symbolise parfaitement la transition réussie des pilotes GT de la marque vers le programme Hypercar. De même pour Alessandro Pier Guidi, qui a partagé les victoires avec James Calado... et brille à nouveau !
Les deux spécialistes du GT ont formé avec l'ancien pilote de F1 Antonio Giovinazzi un trio redoutable. Giovinazzi a parfaitement joué son rôle de pilote de pointe, recherchant la vitesse pure. Il repart du Mans en étant le deuxième pilote le plus rapide en matière de rythme, le plus fort à ce petit jeu étant Antonio Fuoco. La solidité de James Calado et la fougue d'Alessandro Pier Guidi, pendant la nuit, ont construit ce résultat.
La nuit, le moment clé du succès Ferrari
C'est en partie au coeur de la nuit que la victoire Ferrari a commencé à se dessiner. Pier Guidi, alors face à la Peugeot 9X8 n°94 et à un Loïc Duval toujours aussi rapide, parvenait à creuser l'écart. Sous la pluie, Pier Guidi faisait parler son expérience, son feeling avec la voiture, et prenait de précieuses secondes à ses poursuivants (dont Toyota). Précieuses car la course n'allait plus être interrompue le dimanche par un safety car. C'est donc un affrontement direct, sans artifice, qui a permis de voir Ferrari émerger.
Le dimanche justement, lorsqu'il a été nécessaire de faire un "reset" sur la voiture et de la redémarrer complètement à deux reprises, ces secondes gagnées dans les Hunaudières sous la pluie ont compté. Elles ont offert à Ferrari et à ses pilotes une respiration, car Toyota ne voulait pas céder.
Les Toyota GR010 Hybrid, seules capables de tenir le match
La marque japonaise, invaincue depuis 2018, tombe face à la légende Ferrari. On peut s'interroger longtemps sur la pertinence de la Balance de Performances (BoP), sur sa justesse et le rôle qu'elle a joué sur le résultat final. Une chose est sûre, le spectacle fut intense et, lâchées sur le ruban d'asphalte sarthois, les Hypercars de Ferrari et Toyota se tenaient dans un rythme relativement proche. Si l'équilibre est à revoir, il concerne plutôt la BoP "plate-forme" entre LMH et LMDh. Car les Cadillac V-Series.R et autres Porsche 963, elles, ont toujours manqué de quelques dixièmes voire secondes pour vraiment s'afficher durablement aux avant-postes.
Les Peugeot 9X8 ont, étonnement, été capables elles aussi de se battre devant. A la faveur certes de la météo capricieuse qui a récompensé le choix de pneumatiques de Peugeot, passant rapidement en pluie. Mais aussi grâce au pilotage plein de maîtrise sur une piste détrempée, avec Gustavo Menezes se débarrassant de plusieurs Hypercars en piste. Malheureusement, une erreur de ce dernier, comme la sortie de Jean-Eric Vergne plus tôt, nous ont privé de la présence des 9X8 devant au matin. Des problèmes hydrauliques réduisaient encore les espoirs le dimanche. Mais cette édition des 24 Heures du Mans montre que le concept de Peugeot, souvent raillé et critiqué, semble efficace au Mans.
2023 marque la dixième victoire du Cheval Cabré aux 24 Heures du Mans, après celles de 1949, 1954, 1958 et 1960-1965. L'histoire de Ferrari au Mans compte désormais 39 victoires, dont 29 victoires de catégorie.
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Avec ce résultat lors de la quatrième manche du Championnat du monde d'endurance de la FIA 2023, Ferrari reste deuxième au classement des constructeurs, réduisant l'écart avec Toyota à 19 points.
Crédit photo : Christian Barre