Après une édition 1991 des 24 Heures du Mans frustrante, et une victoire décrochée face à une concurrence réduite mais véloce en 1992, Peugeot pouvait se retirer... ou confirmer sa victoire ! Ce fut fait en 1993, et avec la manière. Peugeot a placé trois 905 sur les trois marches du podium. Un succès incontesté.
1993, c'est l'année de la fin. Ou l'année du début. Comme vous voulez. Face à un nombre de constructeurs réduit, du fait d'un règlement totalement décalé avec la réalité de l'endurance, le championnat du monde est annulé. Les 24 Heures du Mans deviennent alors une épreuve "libre" et "hors-championnat". Du coup, Le Mans retrouve son esprit. Terminées les années réservées uniquement aux prototypes. Les GT font leur retour.
L'affiche se résume à un duel : Peugeot face à Toyota. Et si le résultat final semble sans appel, la lutte fut belle et serrée, notamment pendant la nuit. Toyota (qui n'a toujours pas remporté Le Mans à l'heure ou je rédige cet article) aurait pu s'imposer en 1993. D'ailleurs, avant la course, personne n'osait présager d'un triplé de la marque au Lion. Comme lors des grandes batailles, il était écrit que chacun allait y laisser des plumes. Une voiture meneuse de chaque côté, de la conservation pour les autres ? Finalement, Peugeot n'a pas perdu une seule voiture, et la victoire fut totale. K.O.
Ce sont les événements en course qui vont décider de la hiérarchie des Peugeot 905. Les plus conservateurs au départ, à savoir Geoff Brabham, Eric Helary et Christophe Bouchut sur la n°3, seront les futurs vainqueurs. Les positions seront figées avec des consignes d'équipe le dimanche.
Les 905 vont connaître de nombreuses aventures. Fuite d'huile dès 19h15 pour la n°1, soufflet de transmission sur la n°2, problème de collecteur. Coup de chance, chez Toyota, les soucis sont multiples aussi, et plus "graves" : alternateur, pompe à huile, embrayage, boite de vitesse et autres sorties de piste vont venir contrarier la marche. Le lot de problèmes logiques pour la nouvelle voiture qu'est la TS 010 (dont vous pouvez lire l'histoire ici Toyota TS010, dans l’ombre des Peugeot 905), tandis que la 905 Evo 1 était déjà bien rodée.
La TS 010 rendait aux 905 coup pour coup. Vitesse de pointe élevée, vitesse d'entrée en courbe phénoménale, pilotage aisé. L'histoire retient les 905 et leur triplé, mais allez demander aux pilotes Toyota de l'époque. Leur TS 010 était fantastique.
Après 24 heures d'effort, Geoff Brabham, Eric Helary et Christophe Bouchut (les deux derniers nommés disputaient leurs premières 24 Heures du Mans) allaient s'imposer devant Teo Fabi, Yannick Dalmas et Thierry Boutsen et enfin le trio Philippe Alliot, Mauro Baldi et Jean-Pierre Jabouille.
L'aventure Peugeot 905 au Mans était bouclée. Fin du programme. Jean Todt, à la tête de l'épopée 905, avait suggéré de basculer en F1, puisque le règlement visait à faire converger les motorisations entre endurance et F1. Sa direction disait non. Il allait alors rejoindre Ferrari, et mener l'aventure que nous connaissons tous, avec un certain Michael Schumacher !
Crédit photo : Jean-Philippe Legrand et Stéphane Cavoit pour Endurance Magazine