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Ferrari 550, cheval de course aux mille vies


Présentée en 1996, la Ferrari 550 créée l'émotion instantanément chez les amoureux de la marque et au-delà. Marquant le retour de Ferrari à une configuration à moteur avant et propulsion, la 550 reçoit un 12 cylindres et peut embarquer deux passagers, à la façon de la 365 GTB/4 Daytona.  Plusieurs clients fortunés et passionnés vont tout faire pour engager la 550 Maranello en compétition . Retraçons ces tentatives, parfois infructueuses, jusqu'au succès de la 550 Maranello GTS.

Ferrari 550 GTO, GTS, XL : trotteur français ou pur-sang arabe

Aussitôt présentée, la 550 attire plusieurs pilotes et propriétaires. Ils y voient là une base formidable pour s'engager en GT avec une Ferrari.

Mais puisque le constructeur n'a pas l'intention de lancer un programme officiel, c'est par la voie "privée" que la 550 va prendre la piste.

Ferrari 550 GT, le cheval cabré venu de France

Conçue et réalisée pour Red Racing en France en 1999, la 550 GT est la première berlinette V12 du cheval cabré depuis la Daytona.

1 000 km du Mans 2003, Ferrari XL - photo Thierry Lesparre (ferraris-online.com)

Après une préparation et un développement complets, son poids a finalement été réduit de 400 kg pour atteindre un peu plus de 1 200 kg. Le développement a été géré par Michel Enjolras et l'assemblage s'est fait dans les ateliers Italtecnica de Mario Cavagnero. Un arceau de sécurité complet a été fabriqué par Matter, puis modifié et renforcé par Enjolras. Cette structure a ensuite été homologuée par l'Automobile Club de l'Ouest (ACO) pour Le Mans. La première 550 Maranello à être homologuée par des organismes internationaux.

La toute première 550 Maranello de course, la 550 châssis 106404 - photo Bonhams

Engagée en GT FFSA en catégorie GT3, elle aura le droit à une petite sœur, la 550 XL. En effet, XL Racing - avec Hervé Frouin - rachète la 550 GT du Red Racing en 2001 (châssis 106404) et développe une seconde auto (la 550 XL) pour le FFSA GT et l'American Le Mans Series en catégorie N GT ou GT3.

Ferrari 550 GT par XL Racing

Le poids est abaissé à 1 235 kg grâce à des panneaux de carrosserie légers en fibre de carbone. Le moteur V12 développait alors 585 ch à 6 250 tr/min, soutenu par une boîte de vitesses Hewland à 6 rapports. Ces deux exemplaires vont participer aux 24 Heures du Mans en 2003 et 2004 notamment, sans grand succès.

1000 Km du Mans 2003, la 550 XL Racing devant une 550 Maranello GTS - photo David Fontayne (fontaynedavid.com)

La 550 Maranello XL 108536 a été essayée personnellement par Michael Schumacher le 27 juillet 2003 sur le circuit de Mérignac. Ferrari a demandé, à l'époque, de ne pas faire de publicité autour de cet essai, lié à un concours de circonstance (le pilote allemand était là à la demande de Ferrari pour remettre les clés d'une Enzo à un bon client de la marque).

Michael Schumacher au volant de la 550 XL Racing en 2003

Cette Ferrari 550 Maranello GT "pionnière" engagée par XL Racing en GT français a été invitée et s'est qualifiée dans la catégorie GT aux 24 heures du Mans 2003. Elle était pilotée par Lesoudier, Ferté et Barde. Jusqu'à ce qu'un accident perfore le réservoir de carburant et déclenche un incendie après la mi-course, elle devançait les Ferrari à moteur central dans la catégorie GT !

Ferrari 550 XL lors du Petit Le Mans 2002 - photo ALMS / Dole

Ferrari 550 Millennio, la première Ferrari de course du XXIe siècle

Alors qu'au début des années 90, Ferrari est engagé en endurance et en sprint avec les F40 LM et 456 GT, la fin de la décennie et l'émergence des GT1 est marquée par l'absence du constructeur italien. Face à BMW (McLaren), Mercedes ou Porsche, il y a là une carte à jouer. C'est ce que comprend Stéphane Ratel, alors aux manettes du championnat FIA GT. Il rassemble plusieurs investisseurs privés intéressés et charge Italtecnica de développer une voiture de course basée sur la Ferrari 550 (en parallèle de la 550 GT). Outre la supervision de Mariolino Cavagnero, on retrouve aussi dans le projet les conseils des ingénieurs Adamo pour le châssis, Beccio pour l'aérodynamique, et Protti pour le moteur.

La carrosserie de la Ferrari 550 Maranello a été recréée en fibre de carbone pour plus de légèreté et intègre un certain nombre d'améliorations aérodynamiques. Un grand soin a été apporté à la gestion du flux d'air afin de minimiser la traînée, de maximiser la force aérodynamique et de dissiper la chaleur générée par le moteur. Des bouches d'extraction situées derrière les roues dissipent la chaleur des freins et du moteur.

Même le nez de la Maranello a été modifié, à la fois pour s'adapter à la voie avant élargie et pour fournir un meilleur flux d'air aux radiateurs. Le moteur a été retravaillé au niveau du régime pour atteindre 600 chevaux. A l'origine, il affichait une puissance de 585 ch à 6750 tr/min.

Le premier exemplaire fait ses débuts dans le championnat FIA GT en 2000, engagé par First Racing. En 2001, on retrouve deux voitures engagées par le Team Rafanelli. La 550 Millennio a également été développée pour répondre à la réglementation ACO LMGTS, permettant à Rafanelli d'engager une voiture lors de la saison 2002 de l'American Le Mans Series.

Ferrari 550 GTS, Deutsches Sportpferd

En novembre 2000, l'entrepreneur et ingénieur allemand Franz Wieth lance à son tour une autre version de course de la 550, développée par Baumgartner Sportwagen Technik, et baptisée 550 GTS (sur la base du châssis ZFFZR49B000112133). Grâce à des vitres en plexiglas et à l'utilisation massive de fibres de carbone sur le tableau de bord et la console centrale modifiés, le poids tombe à 1 100 kg (soit 600 kg de moins qu'une 550 de série). Cette 550 se démarque avec le montage d'un système d'échappement latéral en acier et produisait environ 600 ch avec un couple maximum de 655 Nm. Si la transformation de la voiture a été réalisée par Baumgartner Sportwagen Technik (qui avait déjà préparé la Porsche GT2 de Franz Wieth) c'est le spécialiste Völkl de Tirschenreuth qui a été chargé de la partie moteur. Informations complètes sur le site Barchetta.cc.

Deux voitures ont été construites, et Wieth Racing en a engagé une dans le championnat FIA GT 2001, puis une autre en 2003, 2004 et 2005. En 2006, la Ferrari de Wieth Racing a remporté deux victoires dans la série Euro GT.

La naissance de la Ferrari 550 GTS Maranello

Frédéric Dor, qui avait commandé un exemplaire de Millenio, retira sa commande face aux débuts peu convaincants de l'auto. Il décida de contacter Prodrive pour lancer - encore - un autre projet de 550 de course.  Les Anglais ont tout de suite vu le potentiel de la Ferrari 550 pour la décliner en version de course. Care Racing Development, que Frederic Dor avait repris entre-temps, a confié à Prodrive la production de deux voitures . Le moteur a été légèrement amélioré et placé plus bas et plus en arrière afin d'influencer positivement la répartition du poids. Grâce à l'utilisation massive de fibres de carbone sur toute la carrosserie, le poids du de cette nouvelle 550 Maranello GTO (c'était son nom d'origine) passait à 1 100 kg. La 550 Maranello GTS (son nom définitif) était née.

C'est lors de la sixième des onze manches du championnat FIA GT 2001 (au Hungaroring) que Rickard Rydell et Alain Menu font débuter la Ferrari 550 GTS Maranello. Malgré des problèmes techniques, elle devient rapidement une bête de piste. Sur l'A1 Ring, Rickard Rydell et Peter Kox décrochent déjà leur première victoire dès la première arrivée classée de la Ferrari 550 GTS. Une course plus tard, ils étaient à nouveau sur le podium avec une troisième place. Entre les mains de Rydell et de Menu, la Ferrari 550 GTS s'imposeà Jarama. Deux victoires en trois courses.

12 Heures de Sebring 2002 - photo Care Racing

En raison de ces bons résultats, Frederic Dor charge Prodrive de produire davantage de voitures. En 2002, les deux premières Ferrari 550 GTS Maranello Prodrive sont livrées à l'équipe BMS Scuderia Italia, qui les engage dans le championnat FIA GT. Andrea Piccini et Jean-Denis Delétraz remportent quatre courses à Jarama, Anderstorp, Oschersleben et Estoril.

12 Heures de Sebring 2002 - photo Care Racing

Prodrive se focalise sur les 24 Heures du Mans en Europe en plus d'un engagement en ALMS. Rykard Rydell, Alain Menu et Tomáš Enge décrochent la pole position dans la catégorie GTS, laissant les voitures d'usine pourtant favorites (Chevrolet Corvette C5-R et Chrysler Viper GTS-R) derrière. Une fuite d'huile à la 13e heure brise les rêves de victoire. L'équipe s'engage ensuite en American Le Mans Series (ALMS) avec un succès dès Laguna Seca.

L'ultra-domination de la 550 Maranello GTS

En 2003, la Ferrari 550 GTS devient la voiture ultra-dominatrice en championnat FIA GT. Les pilotes de la Scuderia Italia - Thomas Biagi et Matteo Bobbi - remportent six des dix courses et décrochent le titre pilotes. Leurs coéquipiers Fabrizio Gollin et Luca Cappellari, accumulent eux deux victoires, dont celle de leur catégorie aux 24 heures de Spa-Francorchamps. La 550 Maranello GTS qu'ils partagent avec Enzo Calderari et Lilian Bryner termine meilleure des GT1, derrière la Porsche Freisinger victorieuse.

De son côté, Prodrive continue de participer à l'ALMS. Au début de la saison, la Ferrari 550 GTS ne pouvait pas suivre le rythme des Corvette d'usine. Mais Prodrive remporte les quatre dernières courses et échoue à quatre points seulement du titre.

Aux 24 heures du Mans, la Ferrari 550 GTS s'impose avec Tomáš Enge, Peter Kox et Jamie Davies. Les deux Corvette d'usine sont à dix tours. En 2004, la 550 remporte les 24 Heures de Spa-Francorchamps. Dans la série naissante des Le Mans Series, Larbre Compétition engage une Ferrari 550 GTS. Christophe Bouchut, Pedro Lamy et Steve Zacchia remportent les quatre courses et le championnat pilotes et équipes dans leur catégorie. Aux 24 Heures du Mans, la magie n'opère pas. Prodrive est battu et ne reviendra plus avec l'Italienne, ayant désormais un contrat avec Aston Martin pour le développement de la DBR9.

1 000 km de Spa-Francorchamps 2005 - photo Mark Rider

Lorsque la Maserati MC12 débarque en GT1 en 2004, la Ferrari 550 Maranello GTS trouve alors une rivale de taille. Gabriele Gardel remporte le titre pilotes mais c'est la fin de l'ère Ferrari. C'est en Le Mans Series que plusieurs exemplaires trouvent refuge en 2005. La BMS Scuderia Italia s'y impose à plusieurs reprises.

En 2006, les 550 Maranello sont largement absentes de la scène automobile. Seule l'équipe Convers MenX avec Peter Kox, Alexei Wassiljew et Robert Pergl engage une 550 en Le Mans Series. Au Mans, on retrouve Larbre Compétition et le Russian Age Racing. La dernière participation d'une 550 GTS au Mans a lieu en 2007.

Ferrari 550 Maranello Convers MenX Racing, Le Mans 2007 - photo Geoffroy Barre

La toute dernière apparition d'un exemplaire de 550 GTS est relevée lors de la manche FIA GT du Paul Ricard en 2009, avec un exemplaire pour l'équipe Solution F.

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