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DPi, la formule magique pour attirer les constructeurs ?


La grande nouveauté de l'année 2017 aux Etats-Unis se résume à trois lettres : DPi. Un D pour Daytona, un P pour Prototype, et un "i" miniscule pour international. Cette nouvelle catégorie, qui est en réalité une évolution de la catégorie P2 américaine, calquée sur le LM P2, promet de magnifiques batailles à l'avenir. Pourquoi ? Car la philosophie retenue par les Américains avec ce règlement est, selon moi, capable d'attirer à termes une dizaine de grands constructeurs.

Avec le retrait d'Audi, la crème de l'endurance mondiale en prototypes (LM P1) va se limiter en 2017 à un match entre Porsche et Toyota. Nous avons déjà vécu pareille situation. De 2007 à 2011 avec la bataille terrible entre Audi et Peugeot. En 2012 et 2013, avec une lutte Audi / Toyota animée. Le spectacle sera là, et le Championnat du Monde d'Endurance va encore nous apporter un très beau spectacle. Pour autant, la période faste de la fin des années 90 semble loin. Il est difficile d'attirer plus de deux (ou trois) constructeurs en LM P1.

La philosophie retenue par les Américains avec ce règlement est, selon moi, capable d'attirer à termes une dizaine de grands constructeurs.

Peugeot va sans doute revenir dans la course, mais le programme Toyota sera peut-être sur le déclin (ou celui de Porsche). Il est difficile de pérenniser la présence de constructeurs au top de l'endurance prototype. Ce travail, l'Automobile Club de l'Ouest (ACO), la FIA mais aussi le Championnat du Monde d'Endurance (WEC) le font. Pourquoi les constructeurs ne se bousculent pas pour être en LM P1 ?

  • A cause de la complexité technique des voitures hybrides. L'hybride a poussé le niveau de sophistication des LM P1 un cran au-dessus. Dur de se lancer dans l'hybride à partir d'une feuille blanche ;
  • Pour des raisons commerciales. Chaque constructeur a retenu une ou plusieurs voies pour embrasser la révolution de l'automobile durable. Hydrogène, électrique, hybride essence, hybride diesel. Toutes ces solutions ne sont pas encore autorisées, ou alors dans un cadre trop restrictif. Les constructeurs ont besoin d'utiliser en compétition la même technologie que sur les voitures de route. La meilleure preuve ? Audi avec son diesel, Ford avec son moteur EcoBoost ;
  • Enfin, conséquence du niveau technique poussé, les coûts s'envolent. Un programme en endurance coûte cher, pas toujours simple à justifier dans un contexte économique tendu.

cadillac-dpi

Revenons à nos DPi, dont je veux vous parler dans cet article. Le règlement des DPi, c'est un peu le constat de toutes ces difficultés que je viens de citer, et la réponse avec un règlement souple.

  • Comme en LM P2, les équipes qui souhaitent s'engager en DPi doivent désormais choisir un des quatre châssis proposés et validés par l'ACO : ORECA. Onroak, Dallara ou Riley ;
  • Ensuite, il est possible d'implanter un moteur au choix, développé par un constructeur (Chevrolet, Honda, BMW, Ford, Toyota, Nissan ou même Porsche) si celui-ci propose aussi un kit carrosserie (voir point suivant). A noter qu'aux 24 Heures du Mans, et en European Le Mans Series, c'est le même moteur qui doit être implanté sur les LM P2, un Gibson GK428. Pas de moteurs de constructeurs ;
  • Enfin, et c'est ici que tout se joue, en DPi, il faut ensuite installer le kit carrosserie qui correspond au constructeur. Face avant, pontons, capot arrière, une grande partie des pièces peuvent être modifiées sur le plan aérodynamique pour "coller" à l'esprit d'un constructeur ;
  • L'hybride ? Il n'y en a pas. Les voitures se battent pour la victoire au général, sans technologie "durable".

En prenant un châssis de base, en y ajoutant un moteur et le kit carrosserie développé par un constructeur, vous obtenez une DPi, une voiture qui est homologuée par le constructeur du châssis. Elle peut courir dans le championnat WeatherTech SportsCar Championship. En Europe, et notamment aux 24 Heures du Mans, les voitures devront reprendre les éléments aérodynamiques d'origine.

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Ce règlement est une aubaine pour les constructeurs. Pas besoin de développer une nouvelle voiture depuis une feuille blanche, ORECA. Onroak, Dallara ou Riley ont un châssis de base. Seule contrainte : développer un "kit carrosserie". Tous les constructeurs peuvent et savent le faire, avec un coût modeste. La preuve, Cadillac, Mazda et Nissan se sont déjà lancés. Honda y songe. Bentley et Ford aussi. Mercedes de même. Audi ?

Pour le moment, la saison 2017 s'annonce comme une grande première, un test grandeur nature de la viabilité de ce concept hybride, mixant châssis LM P2 conventionnel et esprit américain. Badgée avec un logo Cadillac, Nissan ou Mazda, et un moteur ad hoc, une LM P2 devient tout de suite une ambassadrice de marque, une auto sur laquelle la marque peut capitaliser, communiquer. Les DPi sont à mon sens la bonne formule qui manquait à l'endurance américaine. Pour courir le dimanche et vendre le lundi, il faut des prototypes identifiables. Les DPi apportent ce petit plus. Dommage que le "i" de international soit en minuscule. Car cette formule aurait toute sa place aux 24 Heures du Mans, en Europe ou encore en Asie, terre de conquête de tous les constructeurs.

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2 réflexions au sujet de “DPi, la formule magique pour attirer les constructeurs ?”

  1. Bonjour,

    Très bon article qui relève bien le DPi et l'IMSA qui sera probablement le championnat a suivre en 2017.
    Petite remarque sur une erreur glissée sur les moteurs: Les DPi peuvent utiliser un moteur "constructeur", les Mazda ont leur 2.0L Turbo essence, les "Cadillac" un bon gros bloc ricain 6.0L..

    Bonne continuation a Endurance Mag et leurs bons articles !

  2. Merci Céd. Nous nous sommes un peu perdus avec les subtilités du règlement IMSA. Effectivement, le moteur unique est pour Le Mans et les séries ELMS, mais aux Etats-Unis, liberté sur la carrosserie et le bloc moteur. Toutes les spécificités du règlement IMSA / DPi sont d'ailleurs accessibles sur cette page très bien conçue : http://www.imsa.com/qa-2017-daytona-prototype-international-dpi-concept

    Nous avons corrigé l'article. Merci à vous.

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