Alpine, l'espoir tricolore le plus sérieux aux 24 Heures du Mans 2025 ?

L'horizon s'éclaircit enfin pour Alpine Endurance Team. Après une saison 2024 marquée par l'apprentissage douloureux d'un nouveau prototype et culminant par le cauchemar du Mans — deux abandons prématurés sur casse moteur —, la marque française aborde l'édition 2025 avec une sérénité retrouvée. Les signaux sont au vert : deux podiums consécutifs à Imola puis à Spa-Francorchamps témoignent d'une maturité nouvelle de l'A424, tandis que le recrutement judicieux de Frédéric Makowiecki et la promotion de Jules Gounon apportent l'expérience qui manquait à cette équipe en devenir.

Cette renaissance n'est pas le fruit du hasard. Elle découle d'un travail minutieux mené par Signatech, la structure dirigée par Philippe Sinault qui gère les opérations sportives d'Alpine depuis les premiers succès en LMP2. Car si Alpine n'a jamais remporté les 24 Heures du Mans sous son nom propre — hormis les trois victoires en LMP2 de 2016, 2018 et 2019 —, la marque porte en elle l'ADN du succès manceau depuis cette mythique victoire de 1978, quand la Renault Alpine A442 de Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi triomphait au terme d'une course mémorable.

Une A424 enfin comprise et exploitée

L'Alpine A424 n'est plus cette inconnue capricieuse qui a tant fait souffrir ses pilotes lors de sa première saison. Construite sur la base éprouvée du châssis Oreca et propulsée par le moteur Mecachrome V634 — un V6 monoturbo de 3 400 cm³ — elle a trouvé sa personnalité au fil des épreuves. « Nous commençons à bien comprendre notre package et à bien l'exploiter sur des tracés exigeants », confirme Philippe Sinault, le directeur d'équipe.

Le châssis Oreca si efficace, aussi pris comme base par Acura en IMSA

Cette progression s'est matérialisée de manière spectaculaire lors des 6 Heures de Spa-Francorchamps, où Frédéric Makowiecki a livré une démonstration saisissante. Reprenant l'A424 n°36 en sixième position, l'ancien pilote Porsche l'a propulsée à la deuxième place en quelques tours, bousculant l'hégémonie Ferrari avec une aisance déconcertante.

La n°35 manque de réussite depuis le début de saison

Cette montée en puissance ne doit rien au hasard. Elle résulte d'une compréhension progressive des subtilités aérodynamiques du prototype LMDh, mais surtout d'une fiabilité retrouvée après les déboires mécaniques de 2024.

Les ingénieurs de Mecachrome ont revu leur copie sur le bloc moteur, éliminant les faiblesses qui avaient causé les abandons manceaux.

Les ingénieurs de Mecachrome ont revu leur copie sur le bloc moteur, éliminant les faiblesses qui avaient causé les abandons manceaux.

Des pilotes au sommet de leur art

Le recrutement de Frédéric Makowiecki constitue sans doute le coup de maître de l'intersaison Alpine. Vainqueur du Mans 2022 en GTE Pro avec Porsche, « Mako » apporte une expérience mancelle nouvelle qui manquait à l'équipe française dans la première version de ses équipages. Mais au-delà de son palmarès, c'est sa capacité à sublimer une voiture qui séduit.

Dans la montée de Kemmel, comme dans les Hunaudières, les A424 sont à l'aise

L'association avec Jules Gounon s'avère particulièrement fructueuse. Le pilote promu titulaire après une saison 2024 en qualité de réserviste, a saisi sa chance avec brio.

2024, la blessure du double abandon

Mick Schumacher complète ce trio redoutable. Le fils de Michael, désormais pleinement concentré sur l'endurance après avoir mis de côté ses ambitions de Formule 1, apporte cette intelligence de course héritée de son illustre patronyme. Sa capacité à gérer les situations de stress s'est améliorée. La n°36 est LA force du clan Alpine.

L'heure de la revanche mancelle

Les 24 Heures du Mans 2025 s'annoncent comme le rendez-vous de la vérité pour Alpine. Après le traumatisme de 2024 — ces deux A424 contraintes à l'abandon précoce sur casse moteur —, l'équipe française nourrit une ambition de revanche légitime.

Les ingrédients du succès semblent réunis. La fiabilité mécanique, pierre d'achoppement de la saison passée, paraît désormais maîtrisée.

Les ingrédients du succès semblent réunis. La fiabilité mécanique, pierre d'achoppement de la saison passée, paraît désormais maîtrisée. Les performances à Imola et Spa, deux circuits aux caractéristiques diamétralement opposées, démontrent la polyvalence de l'A424.

En duo, les Alpine ici à Imola

L'arrivée de Nicolas Lapierre au poste de directeur sportif, après avoir raccroché le casque, constitue un atout supplémentaire non négligeable. L'ancien pilote, fort de ses treize participations mancelles et de sa victoire en LMP2 2019, apporte cette vision stratégique qui peut faire la différence lors des longues courses d'endurance.

Face à la domination actuelle de Ferrari — les 499P enchaînent les succès depuis le début de saison — et au réveil annoncé de Toyota et Porsche, Alpine dispose d'arguments crédibles pour jouer les trouble-fêtes. La position d'outsider peut même s'avérer favorable, permettant aux Français de jouer leurs cartes sans subir la pression des favoris.

Abonnez-vous au podcast endurance des spécialistes !

Cette édition 2025 pourrait bien marquer l'avènement d'Alpine comme force majeure de l'endurance mondial. Après une année d'apprentissage et de frustrations (et un podium qui ne pouvait pas être atteint en 2024), la marque française semble enfin prête à renouer avec les fastes de cette victoire historique de 1978. Le Mans n'attend plus que ses héros tricolores.

Crédit photo : Alpine / DPPI

Laisser un commentaire