Depuis son retour en 2022 avec l'audacieuse 9X8 dépourvue d'aileron arrière, Peugeot navigue entre promesses et désillusions. Le constructeur sochalien, qui avait fait sensation en 2009 avec la 908, peine à retrouver le chemin du succès dans l'arène mancelle. Pourtant, à quelques jours du départ de cette édition 2025, les signaux se multiplient : la progression notée à Spa-Francorchamps, l'expérience acquise et une détermination intacte laissent entrevoir une possible renaissance. Pour la marque française, cette édition sonne presque comme un ultimatum.
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Une 9X8 en quête de rédemption technique
L'aventure Peugeot en LMH avait commencé par un pari audacieux qui avait fait couler beaucoup d'encre : une Hypercar sans aileron arrière. Cette approche révolutionnaire, incarnée par la première mouture de la 9X8, reflétait l'ADN d'innovation de la marque, mais s'est révélée trop radicale pour la réalité du championnat. Face aux difficultés rencontrées, l'équipe dirigée par Olivier Jansonnie a dû se résoudre à revoir sa copie. La faute, non pas a un excès de créativité, mais avant tout à un réglement ayant évolué - avec l'avènement des LMDh - plombant la 9X8 déjà dessinée.
L'expertise acquise au fil des deux dernières éditions mancelleuses commence à se cristalliser. Cette 9X8 est faite pour ces pistes-là, car il lui faut de longues allonges comme au Mans.
Depuis Imola 2024, la 9X8 arbore désormais un aileron arrière plus conventionnel et bénéficie d'une monte pneumatique revue. Ces modifications techniques, fruit d'un travail acharné, commencent à porter leurs fruits. « On est en progrès », souligne Jean-Marc Finot, Senior VP de Stellantis Motorsport. L'évolution technique s'accompagne d'une meilleure compréhension de la voiture, permettant aux pilotes de mieux exploiter son potentiel.

L'expertise acquise au fil des deux dernières éditions mancelleuses commence à se cristalliser. Cette 9X8 est faite pour ces pistes-là, car il lui faut de longues allonges comme au Mans. Le tracé de 13,626 km des 24 Heures, avec ses longues lignes droites et ses enchaînements rapides, semble convenir à la philosophie aérodynamique de la 9X8, malgré les déboires initiaux.
L'expérience au service de l'ambition
Contrairement à ses débuts en 2022, Peugeot peut désormais s'appuyer sur une expérience solide. "Aujourd'hui, j'ai une solution à chaque problème que nous avions rencontré il y a deux ans, confie Olivier Jansonnie. Cette maturité se ressent dans l'approche méthodique de l'équipe, qui a tiré les leçons de ses erreurs passées.

L'effectif pilote n'est pas le plus fourni, le plus "star". Mais il combine expérience, envie et individualités. Loïc Duval, vainqueur au Mans en 2013 avec Audi, apporte son expérience précieuse de la course mancelle. À ses côtés, Jean-Éric Vergne et Stoffel Vandoorne, tous deux habitués des podiums internationaux, forment un trio redoutable. Paul Di Resta, Mikkel Jensen et Malthe Jakobsen complètent un line-up équilibré entre expérience et jeunesse.
Un objectif assumé : sortir de l'anonymat
Pour cette édition 2025, Peugeot n'affiche plus de faux-semblants. "Si on n'est pas dans le top-10, on sera déçus. Et même si nous visons le podium, un top-5 nous rendra très heureux" avoue sans détour Jean-Marc Finot. Cette franchise contraste avec les ambitions parfois démesurées affichées lors des premières années.

La stratégie adoptée reflète cette nouvelle approche. Plutôt que de jouer la carte de l'outsider discret, Peugeot assume ses ambitions tout en gardant les pieds sur terre. "En tant que challengers, on va prendre tous les risques pour décrocher un beau résultat," annonce le dirigeant français. Cette mentalité d'attaquant pourrait bien être l'atout majeur du Lion dont le bilan en Hypercar après deux années était mitigé.
L'édition 2025 pourrait bien marquer le tournant tant attendu pour une marque qui, après avoir dominé la fin des années 2000 avec ses LMP1, cherche désormais sa place dans l'ère moderne de l'endurance.
L'engouement populaire reste intact autour de la marque française. Cette ferveur populaire, héritage de la glorieuse époque des 905 qui gagnait en 1992 et décrochait un triplé en 1993, est un carburant émotionnel. Utile pour le déclic ?

Face à une concurrence acharnée avec huit constructeurs en lice, Peugeot joue gros. L'édition 2025 pourrait bien marquer le tournant tant attendu pour une marque qui, après avoir dominé la fin des années 2000 avec ses LMP1, cherche désormais sa place dans l'ère moderne de l'endurance. Entre nostalgie des victoires passées et espoir d'un avenir radieux, le Lion de Sochaux n'a jamais eu autant besoin de rugir dans la cathédrale de la vitesse mancelle. Le rendez-vous est pris pour le 14 juin.
Crédit photo : Peugeot / DPPI, Geoffroy Barre