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SRT Viper GTS-R, le manque de mordant du serpent


En 2012, une nouvelle Dodge Viper est apparue. Presque 20 ans après la toute première génération (Viper GTS-R type SR II), et une dizaine d'années après la deuxième Viper (ZB I), l'espoir de revoir la belle américaine briller au plus haut était réel. Avec SRT et Riley Technologies à la manœuvre, Dodge décidait de faire renaître sa voiture mythique des années 90. Désormais badgée SRT - du nom de la marque sportive du groupe Fiat Chrysler Automobiles -  cette Viper avait comme objectif d'écrire une nouvelle page mythique, dans la lignée des voitures engagées par Oreca à la fin des années 90 . Malheureusement, l'aventure fut de courte durée, et le succès à l'échelle international inexistant.

SRT Viper pas au point

Dévoilée lors du New York Auto Show, la nouvelle Viper (VX I) évoque de manière directe la toute première GTS-R. Alors que la seconde génération possédait un dessin lourd et assez peu fluide, la SRT Viper est fine et à la fois ronde, dans le plus pur style de la GTS-R d'origine. Sur ce plan esthétique, elle était alors une totale réussite. Difficile de réaliser un plus bel hommage.

C'est lors de la manche de Mid-Ohio (en American le Mans Series) que les Viper débutent en 2012. Tous les yeux sont tournés vers LA nouveauté du plateau. La Viper est de retour. En ce mois d'août, les performances ne sont pas encore au rendez-vous. Les deux autos voient déjà l'arrivée, dont une dans le Top 10. Un début timide mais encourageant. On retrouve sur la n°91 Kuno Wittmer et Dominik Farnbacher et sur la n°93 Marc Gooseens et Tommy Kendall. La fin de saison 2012 est en dents de scie, sans résultat significatif.

Richard Prince/SRT Motorsports Photo

Pour 2013, l'American Le Mans Series est au programme... tout comme les 24 Heures du Mans ! Le succès arrive aux Etats-Unis avec une victoire lors de la manche de Road America. Il s'agit de l'unique victoire de la saison, marquée par plusieurs bons résultats : une 5e place à Sebring (Marc Goossens, Ryan Dalziel, Dominik Farnbacher), une 3e place à Long Beach, une 5e place à Laguna Seca (Marc Goossens, Dominik Farnbacher), une 5e place à Lime Rock (Kuno Wittmer, Jonathan Bomarito) puis un tir groupé (2e et 3e) à Mosport avec Marc Goossens et Dominik Farnbacher devant Kuno Wittmer et Jonathan Bomarito. De nouveau une 5e place à Baltimore (Marc Goossens, Dominik Farnbacher), et une 2e place à Austin (Kuno Wittmer, Jonathan Bomarito).  La régularité commence à se faire sentir.

Sur les tracés américains, la Viper SRT profite de son gros moulin V10 8 litres et fait mal aux Porsche, Ferrari, BMW et Corvette . Une balance de performance généreuse permet aux Viper de lutter face à des autos clairement mieux préparées.

Le Mans, la comparaison difficile avec l'élite de l'endurance

Aux 24 Heures du Mans 2013, une 8e place de catégorie (24e au général) témoigne du décalage qui existe entre le programme américain et le niveau de compétition élevé en Sarthe. Face aux Aston Martin Vantage et surtout aux nouvelles Porsche 911 RSR type 991, les Viper souffrent. La n°53 connaît un début de course compliqué. Après une belle bataille pour la 7e place, un détour par le bac à graviers au niveau des virages Ford fait chuter l'américaine au classement. La n°93 reçoit dans la 10e heure de course un stop-and-go de 30 secondes pour non-respect de la vitesse dans la ligne des stands.

Richard Prince/SRT Motorsports Photo

Le rythme n'est pas là ! La vitesse manque.  Seulement 285,4 km/h comme meilleure vitesse de pointe pour la Viper GTS-R n°93, et 286.9 km/h pour la n°53. A comparer aux 294.8 km/h de la Ferrari 458 Italia n°51, alors la plus rapide .

Richard Prince/SRT Motorsports Photo

Le meilleur tour d'une Viper SRT pendant la semaine mancelle sera l'oeuvre de Ryan Dalziel en 3:57.460. Dominik Farnbacher signa lui un 3:58.198 et Marc Goossens un 3:58.487. Les trois pilotes, réunis sur la n°53, furent les plus rapides chez SRT, mais loin des meilleurs de la catégorie...

Un titre en guise d'adieu

Pour 2014, décision est prise de ne pas honorer l'invitation de l'Automobile Club de l'Ouest, afin de se focaliser sur la campagne en United Sportscar Championship (championnat issu de la fusion entre ALMS et Grand-Am).

Richard Prince/Dodge SRT Motorsports Photo

Un choix payant. SRT décroche les titres pilotes et constructeur en catégorie GTLM. Avec une livrée rouge à bandes blanches en deuxième partie de saison, la Viper SRT rend hommage aux Viper GTS-R de l'année 2000, engagées à l'époque par Oreca.  Un trait de nostalgie alors que le programme est stoppé. En octobre, la maison mère indique que l'engagement des Viper à titre officiel n'est plus maintenu. Des ventes faibles expliquent cet arrêt.  L'échec commercial tranche avec le succès qui arrive sur la piste.

Richard Prince/Dodge SRT Motorsports Photo

Les Viper ont empoché le titre aux Etats-Unis grâce - en partie - à une balance de performances favorable. Un coup de politique qui avait pour objectif de faire durer le programme, en vain. Il faut dire que tout avait commencé de manière étonnante en 2014. Lors de la première course de la saison à Daytona, une Viper terminait 3e à 4 tours des vainqueurs de la catégorie GTLM. Une performance acquise en ayant récupéré 12 tours en 12 heures, la Viper ayant chuté à 16 tours de la tête de course à cause de problèmes techniques. Récupérer autant de tours sur la Porsche victorieuse... voilà qui a forcé l'IMSA a ajouter du poids aux Viper et à faire évoluer les brides d'air. Des actions pensées pour ralentir les Viper, mais l'avantage restera important pendant le reste de la saison, permettant aux GTS-R de se battre avec les Corvette, Ferrari et Porsche. Avec deux succès (Indianapolis et Austin) et de belles places d'honneur, SRT décroche le titre. Kuno Wittmer est sacré champion des pilotes.

Richard Prince/Dodge SRT Motorsports Photo

Malgré l'arrêt du programme officiel, l'espoir de revoir les Viper au Mans persiste. Un exemplaire sera engagé en 2015 par Ben Keating, revendeur de Viper, et engageant un châssis GT3 en catégorie GTD du United Sportscar Championship. La Viper GTS-R se retrouve en catégorie LM GTE Am, avec un aileron arrière très haut perché façon Plymouth Road Runner. Après quatre heures de course, la Viper... mène la catégorie, et s'offre même le luxe de mener toutes les GTE (LM GTE Pro et LM GTE Am).

Geoffroy Barre / Endurance Magazine

Une performance liée au jeu des ravitaillements et aux sorties des voitures de sécurité. Après des soucis de courroie à l’entame de la nuit, c'est finalement la boite de vitesses qui va arrêter la Viper GTS-R. Abandon. Depuis, plus aucune Viper n'est venue au Mans. Mais des exemplaires GT3 dérivés apparaissent dans divers championnats. Aux 24 Heures du Nürburgring notamment, des Viper affrontent la Nordschleife.

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