La toute première présence de Toyota en Sarthe est à trouver dans les années 70, bien avant cette 85C. Une participation comme simple motoriste. En 1975, les Japonais fournissent un moteur 4 cylindres 2,3 litres à l’équipe Sigma Automobile, qui deviendra ensuite SARD (Sigma Advanced Racing Development). A noter au passage que Sigma a participé pour la première fois aux 24 Heures du Mans en 1973 avec une MC73, propulsée par un Moteur Wankel Mazda, qui est devenue la première voiture japonaise à se qualifier pour Le Mans !
Revenons à Toyota. Après la fourniture de ce moteur en 1975, Toyota reste loin du Mans. L’objectif principal, ce sont les compétitions au Japon, et l’engagement en rallye. Une initiative privée émerge en 1980. Une Celica LB Turbo Group 5 développée par les allemands de Team Schnitzer est engagée par TOM’S, mais ne parvient pas à se qualifier. La voiture, qui correspond aux normes IMSA GTX, possède une ligne au couteau. Une voiture violente, une tentative avortée.
Les vrais débuts officiels, avec un engagement fort venu de l’état-major de Toyota, datent donc de 1985. Toyota commande un châssis auprès de Dome, constructeur japonais. Une voiture à effet de sol, et avec une monocoque en fibre de carbone naît. Déjà, Toyota collabore avec Dome depuis 1983, et engage des 83C et 84C au Japon. La Dome 85C, ou Toyota 85C, se distingue, car elle est la première à s’attaquer à la Sarthe. Sous le capot, on retrouve le modeste moteur Toyota 4T-GT de 2,1 litres de cylindrée, avec 4 cylindres. Un moteur doté d’un turbo, qui développait 600 chevaux.
Deux voitures sont engagées pour l’édition 1985. L’effort n’est pas commun, mais divisé. La n°36 est engagée par TOM’S, la division sport-automobile de Toypta, tandis que Dome se charge de la n°38. Toyota mise sur un équipage 100% nippon : Satoru Nakajima, Masanori Sekiya et Kaoru Hoshino. Chez Dome, l’équipage est plus cosmopolite, avec le Suédois Eje Elgh, l’Anglais Geoff Lees et le Japonais Toshio Suzuki.
Les deux voitures sont au-delà de la 20e place sur la grille, et surtout à plus de 35 secondes de la pole position record de Hans-Joachim Stuck, signée à 251.815 km/h de moyenne, tour qui restera le plus rapide de l’histoire jusqu’à 2017, avec Kamui Kobayashi sur Toyota (251.882 km/h). En course, la n°38 devra renoncer sur des problèmes d’embrayage. L'abandon est officialisé à 2h44, après 141 tours. La n°36 se hisse à la 12e place finale, grâce à une bonne fiabilité, mais une vitesse très limitée. Elle devient la première Toyota a voir l'arrivée des 24 Heures du Mans, et plus globalement la première voiture japonaise à se classer en Sarthe.
La passion de Toyota pour les 24 Heures du Mans est en partie née ce jour de 1985, avec une auto sublime, première d'une longue lignée de prototypes Toyota au Mans.
Crédit photo : Peter Auto / Toyota Gazoo Racing