Le Mazda Team Joest a signé au Canadian Tire Motorsports Park sa deuxième victoire en deux week-end de course, après un premier succès signé à Watkins Glen. Oliver Jarvis et Tristan Nunez se sont imposés avec leur Mazda RT24-P n°77 devant la voiture soeur, la n°77, de Jonathan Bomarito et Harry Tincknell.
Deux victoires qui viennent concrétiser des efforts menés par Mazda et le Team Joest, partenaire du constructeur américain depuis l'arrêt du programme Audi, fin 2016. Deux victoires qui arrivent au meilleur moment, opportunes selon certains, qui y voient là un signe du législateur pour faire rester Mazda dans le championnat. Pourtant, au-delà de cette vision "politique", il faut bien reconnaître la supériorité sportive acquise par le Mazda Team Joest depuis plusieurs mois. "Des résultats comme celui-ci cela fait longtemps que nous les attendions. C’est le point culminant de tant d’heures passées dans l’atelier par toute l'équipe pour enfin atteindre notre objectif" confie Oliver Jarvis.
Mazda se lance en LM P2 en 2014
Les origines du programme Mazda, il faut remonter à 2014 pour les trouver. A l'époque, pour le grand début du United SportsCar Championship, Mazda décide de s'engager en catégorie prototype avec deux SKYACTIV-D Smart. Mazda capitalise alors sur le programme à succès issu du Grand-Am (avec des Mazda 6 en catégorie GX).
C'est avec SpeedSource Race Engineering que cet engagement débute. La première saison est très compliquée. Beaucoup d'abandons, les Mazda Skyactiv-D 2.2 L Turbo I4 ne sont pas dans le coup. En 2015, c'est à peine mieux. Un moment de gloire survient lorsqu'une Mazda mène un temps les 24 Heures de Daytona... mais le double tour d'horloge se soldera par un double abandon.
En 2016, Mazda confirme le programme et s'entête. Jonathan Bomarito, Tristan Nunez, Tom Long et Joel Miller sont encore titulaires. Un changement de taille est toutefois à noter. Adieu le diesel, et bonjour au moteur essence. "La quantité de ressources à mobiliser pour continuer le développement du diesel est très important confiait Marcus Shen à Motorsport.com, ingénieur en chef. C'est un moteur standard dérivé de la production et nous avons déjà dépassé les ambitions. Il devient de plus en plus difficile d’essayer d’aller plus loin, les coûts de développement augmentent, le temps consacré augmente et cela va au-delà de ce qui correspond à l'effort nécessaire pour le LMP2. Nous parlons d'un développement technique de type LMP1 alors que nous sommes sur un programme LMP2".
A Laguna Seca, en mai, la victoire semble proche. Mazda domine tout le week-end. Mais l'effort ne se concrétise pas. Erreurs en piste, problèmes techniques. La victoire n'est pas encore là. A Road America, Jonathan Bomarito prend la pole position... mais la victoire échappe encore au clan japonais.
De 2014 à 2016, Mazda a accumulé trois pole position mais jamais une Mazda Skyactiv-D 2.2 L Turbo I4 n'a terminé à une meilleure position que troisième. Un échec ? Oui. Alors Mazda décide de changer de châssis.
Pour l'arrivée des DPi, le châssis Lola est abandonné et c'est une base Riley qui est retenue. Ainsi naît la Mazda RT24-P.En juillet 2017, coup de tonnerre. Joest devient partenaire de Mazda. Le programme change alors radicalement. Des essais débutent dès l'été, notamment en Europe. 2018 est une année d'apprentissage entre l'équipe allemande et la monture. Au Petit Le Mans, Mazda est sur le podium (2e et 3e). Puis les choses s'accélèrent en 2019. Mazda bat le record du tour le plus rapide à Daytona avec Oliver Jarvis. La victoire n'est pas encore là mais s'approche. Enfin, le plafond de verre est brisé. A Watkins Glen puis au Canadian Tire Motorsports Park.
L'hiver 2018-2019 a été appliqué. Du renfort de la part de Multimatic, en charge du châssis, et aussi du côté d'AER pour le moteur. Pour la troisième année du programme Mazda RT24-P - mais la deuxième avec l'équipe Joest - la victoire arrive et initie un cycle qui promet d'être vertueux.
Très bel article. Pour compléter celui-ci, permettez moi les précisions suivantes...
SpeedSource Race Engineering a été fondé par le Canadien Sylvain Tremblay dont les ateliers étaient basés eux en Floride.
De 2007 à 2013, cette structure a été très active dans le championnat Grand-Am dans lequel elle alignait des Mazda RX-8 avec le soutien officiel du constructeur, du moins sa filiale américaine.
D'abord avec la RX-8 qui décrochera de nombreuses victoires de catégorie (GT), notamment aux 24 heures de Daytona 2008 et 2010, et les titres "motoristes" et pilotes (Emil Assentato) en 2010.
Pour la saison 2013, la RX-8 est remisée au profit de la toute nouvelle Mazda6. Engagée dans la nouvelle catégorie GX, la GT Japonaise étrenne en compétition l'inédit 4 cylindres 2,2 litres double turbo diesel donné pour +400 chevaux et connu sous le code SkyActiv D. En dépit de débuts pour le moins difficile à Daytona (double abandon), l'exercice 2013 sera couronné de succès avec pas moins de 8 victoires de classe et un nouveau titre motoriste.
N'ayant plus rien a prouvé en GT, la suite logique à cette fructueuse collaboration était la mise sur pied d'un programme prototype, avec le Lola B12/80 pour châssis et le SkyActiv D pour le propulser jusqu'en 2015 avant d'être remplacé par le bloc 4 cylindres Mazda MZ-2 litres turbo d'AER à partir en 2016.
Le manque de résultat durant cette période sonnera le glas de la collaboration entre SpeedSource et Mazda qui annoncera en effet courant 2017 confier à partir de 2018 l'exploitation de ses voitures au célèbre Joest Racing. Ce choix aura pour conséquence l'arrêt des activités de SpeedSource après 22 années d'existence.