Avant de devenir un acteur clé du Championnat du monde d'Endurance (WEC) avec ses Vantage GTE à partir de 2012, et après une période de succès avec la DBR9, Aston Martin a tenté l'aventure en prototypes. Dès 2008, alors que les DBR9 sont encore présentes en GT1, Aston Martin devient motoriste en LM P1. Une première présence pour "tester" les capacités de son moteur, et voir si un engagement dans la catégorie reine, face à Audi et Peugeot, serait possible. Un essai opportuniste, le règlement étant légèrement modifié pour donner plus de chances aux moteurs dérivés de la production, en comparaison aux moteurs pensés uniquement pour la compétition. Aston Martin saute sur l'occasion.
Pour mener cette expérience, c'est un châssis Lola qui est retenu, le B08/60, dernier né de l'artisan anglais. Julian Sole se charge de dessiner l'auto, qui est la première Lola fermée depuis l'ère des Group C et la T92/10 de 1992 !
Le V12 6 litres est parfait pour s'implanter dans le châssis Lola, et a déjà été vu dans les Aston Martin DBR9 par le passé, notamment sur le modèle victorieux en 2007 aux 24 Heures du Mans. Grosse contrainte à gérer cependant : l'angle du V12 est très resserré, ce qui impose un centre de gravité assez haut une fois implanté... La Lola n'a pas été dessinée et pensée pour accueillir un si gros moteur, mais les équipes des deux entreprises anglaises œuvrent pour que le mariage se fasse.
Une Lola, un gros V12, l'aventure ne pouvait pas mieux débuter.
Première sortie à l'occasion des essais au Paul Ricard pour le début de la saison Le Mans Series. La Lola B08/60 Aston Martin engagée par l'équipe Charouz Racing est dans le coup, et au niveau des autres voitures à moteur essence. Les voitures diesel, elles, sont devant. Une belle troisième place vient saluer la première course de la belle à Barcelone, derrière une Peugeot et une Audi.
Aux 24 Heures du Mans, la Lola s'offre le luxe de faire mieux qu'une Audi : 3'25''158, sixième place sur la grille. Malheureusement, la Lola sera impliquée dans un accident en début de course, et nécessitera de nombreuses réparations... qui mèneront à une 9e place finale. Pas si mal, lorsque l'on sait qu'en 2008, les trois Audi et les trois Peugeot ont rallié l'arrivée. Après une cinquième place au Nurburgring, la Lola termine à la deuxième place à Silverstone ! La lutte entre Audi et Peugeot pour le titre est telle que l'anglaise en profite.
Cette arrivée d'Aston Martin en LM P1 comme simple motoriste est concluante... et décide David Richards à lancer un programme complet.
Ainsi, l'équipe Charouz Racing se sépare du prototype qui avait fait le début de saison (B0860 #HU01) qui est acheté par l'équipe suisse Speedy Sebah. L'auto est alors engagée en Le Mans Series et aux 24 Heures du Mans pour la saison 2009. Une belle deuxième place est décrochée aux 1 000 km de Silverstone par Andrea Belicchi, Marcel Fässler et Nicolas Prost.
Le chassis #HU02 est lui conservé et transformé en Lola Aston Martin DBR1-2 pour la saison 2009, largement modifié sur sa partie avant pour ressembler aux Aston Martin de route. Une modification qui ne se fera pas sans quelques tracas, Lola estimant que le fait de renommer sa voiture n’était pas juste… Aston Martin engage ce second châssis en Le Mans Series avec une belle troisième place aux 1 000 km de Silverstone. En parallèle, Aston Martin commande la construction de nouveaux châssis auprès de Lola. Il faut désormais parler de B09/60, c’est à dire une évolution de la B08/60 (une version B10/60 verra aussi le jour en 2010 engagée par Signature Plus puis Kronos Racing). Les évolutions de la B08/60 engagées par Aston Martin sous le nom de DBR1-2 seront vues en 2009 et 2010, puis avec un bref retour en compétition en 2011, après l’échec de l’AMR-One. Ainsi, deux châssis seulement de Lola B08/60 sortirent des ateliers anglais, pour signer le retour du nom Lola dans le monde des prototypes fermés, et le débarquement d'Aston Martin.