Les 24 Heures du Mans 1966 ont vu pour la toute première fois la marque Ford s'imposer, avec trois autres succès qui suivront en 1967, 1968 et 1969. Le Mans 66 ne marque pas la naissance de la confrontation en piste entre Ford et Ferrari. Dès 1964, des Ford GT 40 MKI viennent se frotter aux Ferrari. Mais alors, pourquoi cette édition 1966 est-elle restée dans l'Histoire, et fait l'objet d'un film entier ? Voici ce que vous devez savoir à propos de cette course.
Le Mans 66, la domination Ford
Pour les 24 Heures du Mans 1966, Ford amène huit GT 40 MKII et cinq GT 40 MKI. Pour l'occasion, Henry Ford II est présent. Le duel s'annonce palpitant entre le géant américain et le cheval cabré ? Non. Avant le départ, le sentiment qu'une domination écrasante va se dérouler est déjà là.
Dès le départ, on perçoit qu'aucune Ferrari ne pourra lutter. La mécanique italienne ne sera pas fiable, avec cinq voitures officielles touchées par des problèmes. Un temps, la P3 du N.A.R.T de Rodriguez et Ginther entretient le suspense. Elle prend le commandement alors que la GT40 de tête ravitaille, mais sera trahie par sa boîte de vitesses.
La course fut assez peu intéressante. La victoire Ford écrasante apparue très tôt, et cette édition n'est pas à classer parmi les plus palpitantes.
Un fait majeur est toutefois à noter : pour l'arrivée, Carroll Shelby demande à ses pilotes de se regrouper pour passer la ligne. Ainsi, Bruce McLaren et Chris Amon franchissent le drapeau à damiers sur la n°2, suivis par Ken Miles et Denny Hulme sur la n°1. McLaren et Hamon sont déclarés vainqueurs, même si, au passage sur la ligne (qui était placée en amont selon les témoignages de l'époque), c'est un ex-aequo que l'on pouvait voir, les deux Ford étant côte-à-côte. Ford a tenté, via Leo Beebe, directeur de Ford Racing, de réaliser une arrivée parfaite avec deux voitures à égalité. Un coup de communication qui pouvait être magnifique... mais finalement raté. Cette arrivée et son histoire a fait couler beaucoup d'encre. En effet, il est souvent évoqué le fait que l'Automobile Club de l'Ouest (ACO) a appliqué la règle de la distance pour déclarer Bruce McLaren et Chris Amon vainqueurs.
La règle voulait que la voiture couvrant la plus grande distance sur 24 heures soit la voiture victorieuse (et pas forcément celle qui passe la ligne en premier, vous suivez ?). Dans tous les cas, on voit sur les images de l'époque que Bruce McLaren et Chris Amon sont devants au passage du drapeau. Ils remportent Le Mans 66.
A 16 h 00, les voitures étaient-elles à égalité ? Au début de la ligne droite des stands, là ou se situait apparemment la ligne de départ/arrivée, les voitures étaient-elles à égalité ? Ce "dead heat", c'est à dire une arrivée avec deux concurrents à égalité, n'a pas eu lieu.
Ken Miles, selon certains témoignages au courant de la règle de la distance, pensait être couronné vainqueur... mais il n'en fût rien. Vous le voyez, cette histoire est, aujourd'hui encore, très confuse.
A ce sujet, je vous recommande l'excellent article "Le Mans 1966: The Golden Mystery" sur Dailysportscar. Toujours en matière de recommandations, lisez notre série dédiée à la Ford GT moderne, et commencez par Ford GT : 2016, le prototype déguisé déjà sacré !.
Bien plus que la victoire de Ford, Le Mans 1966 signe surtout la fin d'une ère. La bascule entre l'épopée "sport" et le début des "prototypes" aux lignes radicalement différentes.
Les 24 Heures du Mans 1966 marquèrent le début de Matra en Sarthe ! Avec des moteurs anglais (BRM) la marque française découvrait le tracé, et s'imposera dès 1972. Dans l'ombre, Porsche travaillait aussi très fort sur ses 906, qui occupèrent au classement final les 4e, 5e, 6e et 7e place.
Bien plus que la victoire de Ford, cette édition 1966 signe surtout la fin d'une ère. Elle marque la bascule entre l'épopée "sport" et le début des "prototypes" aux lignes radicalement différentes.
Car après 1966, quatre années plus tard, Porsche fera triompher la 917, faisant passer les 330 P3 ou Ford GT40 pour des reliques. La modernité qui se préparait en coulisses, chez Porsche System Engineering notamment - et dans une moindre mesure chez Matra - est bien le fait majeur à retenir de cette édition... finalement peu palpitante.