La saison 2021 va permettre pour la toute première fois de voir cohabiter en piste les LMP2 actuelles (lancées en 2017), ainsi que les toutes nouvelles Hypercar. Mais cette cohabitation suscite déjà des questions, et a fait réfléchir en hautes sphères. Comment faire en sorte que les nouvelles Hypercar, censées être plus que jamais proches de voitures "de route", puissent viser la victoire au général et ne pas être battues par des LMP2 ? Difficile équation, en cours de résolution.
Les performances attendues pour les Hypercar
En 2021, seules les voitures en conformité avec le règlement technique Le Mans Hypercar seront autorisées à courir (tant en Championnat du Monde d'Endurance qu'aux 24 Heures du Mans). Il s'agit de voitures avec un poids minimal de 1 030 kg et une puissance maximale de 500 kW.
Cette règlementation ouvre la possibilité d’un large éventail d’architectures et autorise l’installation d’un système hybride sur le train avant. Toutes les voitures roulant dans la catégorie Hypercar seront chaussées de pneus Michelin (fournisseur exclusif de pneumatiques). Les temps au tour aux 24 Heures du Mans sont estimés à 3'30''00. Une estimation, basée sur des simulations... mais la réalité de la piste est souvent différente. Le poids élevé constitue ici la principale inconnue. Lourdes, les Hypercar pourraient dans un premier temps ne pas disposer de vitesses de passage en courbes importantes, ou pourraient aussi nécessiter une distance de freinage allongée. Et c'est là que tout se complique. Si les LMP2 restent en configuration 2020, elles sont alors plus rapides. Paul Di Resta a par exemple signé l'Hyperpole des 24 Heures du Mans 2020 en 3'24''528. En rythme de course, les pilotes les plus rapides en LMP2 enchainent les boucles avec des temps compris entre 3'30 et 3'35. Alors, si les Hypercar visent justement cette fenêtre, une seule solution : ralentir les LMP2 pour la saison 2021.
La catégorie LMP2 sacrifiée ?
Pour la saison 2021, le moteur V8 Gibson qui équipe l'intégralité du plateau voit sa puissance réduite de plus de 60 ch. Cela signifie une bascule de 450 à 400 kW, soit de 600 à 535 chevaux. En complément, le poids est lui rehaussé de 20 kg pour désormais atteindre 950 kg. Enfin, un seul et unique kit aérodynamique pour l'ensemble de la saison du WEC est autorisé. Ce seul et unique kit est la version "Le Mans", c'est à dire un ensemble à faible appui destiné à favoriser la vitesse de pointe au détriment de la vitesse de passage en courbe. Seule la manche d'ouverture de l'European Le Mans Series, à Barcelone, a permis aux équipes d'utiliser l'ancien kit.
Suffisant pour aligner les performances ? Un autre sujet a occupé les décideurs. Les pneumatiques. Initialement développés avec de nouvelles contraintes (notamment pour s'adapter à la baisse de puissance), ils ont finalement été conservés dans leur configuration 2020. Officiellement. Mais certains pilotes se plaignent d'une dégradation accrue, notamment au moment d'un deuxième relai, ce qui rend le pilotage plus difficile. Utiliser les pneumatiques comme variable d'ajustement de la performance est un terrain dangereux, pouvant amener à des problèmes de sécurité des pilotes.
On le voit, la cohabitation en piste entre Hypercar et LMP2 va animer les prochains mois. Dès la manche de Spa-Francorchamps et ensuite - à Portimao et Monza - il va falloir trouver le bon équilibre. Car tout changement intervenant au Mans, tardivement, ne saurait être agréable tant pour les pilotes que pour la compréhension de la course de la part du public.