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Cadillac aux 24 Heures du Mans : 2001, mascara et blush


Deuxième volet de notre série consacrée à Cadillac et aux 24 Heures du Mans. Après un focus sur l'année 2000, celle de la découverte, place à 2001. Une année de concrétisation ? Pas vraiment.

Dans une stratégie d’optimisation des ressources et d’amélioration sensible des performances, les instances dirigeantes de Cadillac frappent fort au début de la saison 2001. Le constructeur américain, par l’intermédiaire de son directeur sportif Jeff Hazell, annonce que deux groupes de travail ont été créés sous l’autorité de Nigel Stroud (Reynard, Lotus, Panoz et Mazda), nouveau designer en chef. Ainsi, une équipe planche sur une évolution de la Northstar LMP, toujours depuis la base de Riley & Scott, tandis qu’une cellule est spécialement dédiée au nouveau prototype Cadillac LMP-02 qui sera aligné la saison suivante.

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À 365 jours du siècle d’existence de la marque, les objectifs et les ambitions de Cadillac sont alors clairs : combler l’écart de performance avec Audi et remporter les 24 Heures du Mans. Pour concrétiser ses objectifs, Cadillac engage deux voitures pour la saison 2001. L’équipe DAMS de Jean-Paul Driot exploite de nouveau les Northstar désormais codifiées LMP-01 et dont la configuration aérodynamique évolue. Si l’allure générale de l’auto ne change pas radicalement, le travail de Nigel Stroud se fait toutefois sentir notamment sur la forme des pontons, moins anguleux, et la face avant dont la grille caractéristique est désormais fictive.

Contrairement à la saison 2000 où les autos avaient participé aux 24 Heures de Daytona, aux 12 Heures de Sebring et au Championnat SRWC, la préparation se concentre sur des séances d’essais privés en vue des 24 Heures du Mans 2001. Avec deux voitures de moins, les équipages sont remaniés bien qu’aucune nouvelle recrue ne soit signée. Ainsi, Eric Bernard, Emmanuel Collard et Marc Goossens se partagent la n°5 alors que Wayne Taylor, Max Angelelli et Christophe Tinseau ont la responsabilité de la n°6.

"C’était une expérience extraordinaire. Le budget englouti dans le programme était impressionnant. Une fois en essais privés, on a cassé une boîte de vitesse. Dès le lendemain, le bureau d’étude se mettait à plancher dessus et une semaine après on tournait avec une boîte entièrement reconçue… incroyable !" se souvient encore Christophe Tinseau, à propos des moyens mis en œuvre par Cadillac pour développer son bolide. Bien que l’enjeu ne soit que psychologique, les chronos réalisés lors des essais préliminaires de cette 69e édition des 24 Heures du Mans sont sensiblement similaires à ceux réalisés un an auparavant. D’autant que des problèmes techniques sont venus, encore, polluer le travail des pilotes et ingénieurs. Toutefois, à l’heure des vérifications techniques et administratives qui marquent le début de la semaine mancelle, l’ambiance est au beau fixe dans le clan américano-français. Jean-Paul Driot (DAMS) annonce ainsi que "Toute la mécanique a changé, et s'il ne nous arrive rien, si on ne perd pas de temps au stand, on peut viser le podium !" Malgré les essais du 6 mai décevants, l’ivresse de la quatrième place longtemps tenue en 2000 phosphore encore dans les têtes. D’autant que le patron de la structure française aurait tord de penser le contraire puisque les qualifications confirment le regain de forme des Cadillac !

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Auteur d’un meilleur tour en 3’37’’402 (8e), Emmanuel Collard pulvérise la meilleure performance interne de l’édition 2000 de plus de 5 secondes. Intercalé entre les deux Bentley EXP Speed 8, l’équipage de la Cadillac Northstar LMP-01 n°5 confirme par les faits les progrès tant souhaités par les dirigeants de la marque américaine. Un peu plus en retrait, la voiture n°6 se place 12e sur la grille de départ, devant la Courage C60 du Pescarolo Sport.

Perturbé par des averses autant soudaines que violentes, le début de course des Cadillac est plus prudent que rapide. Après deux passages par les bacs à graviers, depuis une piste extrêmement piégeuse, la progression s’effectue timidement alors que les deux prototypes pointent 12e et 13e après deux heures de course. Pour les Northstar, les événements vont s’accélérer à l’entame de la soirée. Peu avant 19 h 30, Max Angelelli perd sa roue avant droite en rentrant aux stands, endommage les trains roulants et, malgré l’intervention de ses mécaniciens, chute à la 8e place. Le premier coup dur intervient vers 21 heures lorsque Marc Goossens, alors au volant de la n°5, sort de la piste dans la Courbe Dunlop. Si le pilote belge repart, il rate son freinage à Arnage et encastre violemment l’avant de sa voiture dans les protections à la sortie du virage. Malgré les dégâts, Marc Goossens repart au ralenti et regagne son box où les mécaniciens constatent, amèrement, qu'un triangle de suspension a perforé la coque. C’est l’abandon.

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Pour l’équipage restant encore en course, Wayne Taylor, Max Angelelli et Christophe Tinseau, la nuit mancelle va s’avérer longue, humide, parfois pénible, ponctuée de bonnes et de mauvaises nouvelles. Ainsi, les trois hommes vont connaître des sorties de pistes, d’insolvables problèmes de démarreur, des crevaisons et des touchettes mais aussi des chronos efficaces qui permettent à la Northstar n°6 d’espérer les places d’honneur, entre la 5e et la 10e place du classement général.

Finalement, à l’arrivée de ces 24 Heures du Mans 2001, éprouvantes pour les machines et leurs pilotes, l’unique rescapée du Team Cadillac franchit la ligne à une 15e place réconfortante… bien que très loin des ambitions avouées en début de semaine.

Crédit photo : Cadillac

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