Endurance Magazine > Analyse > Fernando Alonso : l’Ibère et le feu

Fernando Alonso : l’Ibère et le feu


En un an et demi seulement, Fernando Alonso est parvenu à se bâtir un palmarès ultra complet en endurance. Qu’il remporte une nouvelle fois les 24 Heures du Mans ou non en 2019, il quittera le paddock avec le sentiment légitime du devoir accompli. Il a soufflé le chaud et le froid sur la discipline, en valorisant (à tort) la compétition censée animer le Championnat du Monde d’Endurance en LMP1, par opposition à la Formule 1. Il a parfois maladroitement évoqué les autres équipes en LM P1 et fait preuve selon certains d'arrogance. Avec ses propos souvent discutables, mais des performances en piste implacables, il laissera une marque sur l’endurance. Avant son dernier tour d’honneur à l’occasion des 24 Heures du Mans 2019, revenons sur ses exploits récents et intéressons-nous à son avenir… qui pourrait de nouveau se dessiner en Sarthe !

Le Taureau, calme et appliqué

C’est au tout début de l’année 2018 que Fernando Alonso découvre le monde de l’endurance. Engagé aux 24 Heures de Daytona avec l’équipe United Autosports, il termine à une anonyme 38e place, 13e de la catégorie. Mais, associé alors à Phil Hanson et Lando Norris, il se familiarise avec les spécificités de l’endurance et notamment le trafic en piste. Dans la foulée, McLaren annonce que son pilote est « libéré » pour participer aux 24 Heures du Mans avec Toyota. Débute alors sa quête réussie des 24 Heures du Mans. Avant, à Spa-Francorchamps, il s’impose. En Sarthe, il repart avec une victoire dès ses débuts.

 Bouillonnant et avec un caractère bien trempé, le Taureau des Asturies livre en endurance une prestation impeccable et exempte de tout coup de folie.  Ici, pas de conversations radio pour se plaindre du comportement d’un autre pilote en piste ou des performances de la voiture. Alonso est implacable, sa première participation aux 24 Heures du Mans est un modèle du genre. Que l'on aime ou pas.  Il a créé lui-même le mythe en réalisant un quadruple relais terminé à 4h02 du matin. Là, au cœur de la nuit, il est parvenu à reprendre du terrain sur la voiture sœur alors en tête . Son secret ? Parvenir à maintenir un excellent niveau de grip alors que les températures étaient basses. Il faisait mieux que son rival José Maria Lopez, alors au volant de la TS 050 Hybrid n°7. Le travail d’équipe fut poursuivi et magnifié par Kazuki Nakajima et Sébastien Buemi, dont le relais furent aussi époustouflants que ceux de l’espagnol. Alonso a remporté la plus grande course d’endurance au monde - certes face à une opposition réduite - et a progressé dans sa quête de la triple couronne. Une victoire indiscutable.

L’envie de gagner, encore

Après la double disqualification des Toyota lors de la manche de Silverstone, la fin d’année 2018 est marquée par deux deuxièmes places (à Fuji puis à Shanghai). Pas de victoire, mais Fernando Alonso continue alors d’écrire sa légende en endurance. 10 ans après avoir remporté le Grand prix du Japon disputé à Fuji, il réalise un temps canon en qualifications et impressionne tous les observateurs. A Shanghai, une erreur stratégique le prive de la victoire, en le faisant rentrer pendant la sortie de la voiture de sécurité. D’une avance de 12 secondes gagnée sur la piste, l’Espagnol s’est retrouvé avec son équipier deuxième à plus de 20 secondes…

Pour 2019, le cercle vertueux de la victoire est revenu. De nouveau en Belgique sur le circuit exigeant de Spa-Francorchamps, mais avant cela à Sebring (avec en prime le record de la piste grâce à son tour de qualification). Surtout, c’est à Daytona qu’il écrit la plus belle page de son personnage de pilote d’endurance.  L’Ibère et le feu qui vit en lui doivent composer pour les 24 Heures de Daytona 2019 avec une météo capricieuse et des conditions folles : une pluie battante pendant toute l’épreuve. 

Engagé sur une Cadillac DPi-V.R ­– avec Kamui Kobayashi, Jordan Taylor et Renger van der Zande - il montre toute sa maîtrise face aux éléments et notamment sa capacité à gérer le grip même sur une piste détrempée et glacée. Son dépassement à deux tours de la fin, avant que la course soit interrompue, permet à l’équipe Wayne Taylor Racing de s’imposer, et à Alonso de triompher sur une nouvelle piste mythique de l’endurance.

Le Mans, Spa-Francorchamps, Daytona puis Sebring… la moisson de succès décrochés par Fernando Alonso est impressionnante. Oui, la concurrence réduite a facilité ces victoires. Mais jamais Fernando Alonso n’a fait preuve de relâchement ni de facilité. Fidèle à son attitude de travailleur appliqué, il est allé se construire ce palmarès complémentaire à la F1 en un temps record. Pour l’édition 2019 des 24 Heures du Mans, que faut-il attendre de lui ?

Une fin de cycle

Fernando Alonso n’est pas parvenu à se qualifier pour la 103e édition des 500 miles d’Indianapolis. Ce revers supplémentaire avec McLaren est-il initiateur d’un changement de cycle ? Le contrat qui lie Fernando Alonso à McLaren va « au-delà des 500 miles d’Indianapolis ». Chez McLaren, l’avenir est en pleine préparation avec de nombreuses pistes à explorer et notamment l’IndyCar, l’endurance… et la F1, discipline dans laquelle le succès se fait attendre depuis des années.

Alonso peut-il avoir la patience de rester avec son employeur ? Ce dernier peut-il lui offrir les défis qu’il attend ? L’ère Zak Brown chez McLaren est pour le moment un échec cuisant et les succès décrochés par Fernando Alonso en endurance le furent sans le constructeur anglais. C’est avec Cadillac et Toyota qu’il a retrouvé les joies de la victoire. Un départ pour un nouveau contrat avec le constructeur japonais serait sans doute le meilleur choix de carrière avec l’opportunité de faire du rallye raid et du rallye… Mais Fernando Alonso, les bons choix de carrière, il n'a jamais vraiment su les faire.

Découvrir l'équipe Endurance Magazine

Laisser un commentaire