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Porsche RS Spyder, la "petite" P2 qui dominait l'endurance


En seulement deux petites saisons (2006 et 2007), Porsche est parvenu à dominer outrageusement l’endurance aux États-Unis, avec une LM P2 devenue une icône, le RS Spyder. De la toute première apparition de cette auto lors de la manche de Laguna Seca en American Le Mans Series 2005, jusqu’à la victoire au général décrochée en 2010 lors de la manche de Mosport, en passant par une épopée en Europe, le RS Spyder aura accumulé au total 35 victoires dont 13 succès au classement général. Retour sur ces années glorieuses de l’endurance, qui ont largement permis au constructeur allemand de préparer son retour dans la catégorie LM P1.

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Après l’abandon du prototype destiné à disputer les 24 heures du Mans en 2000, Porsche n’était pas revenu au sommet de l’endurance. Fin 2005, Porsche revient enfin en haut de l’affiche ou presque. Le RS Spyder, dont le nom est un hommage à la légendaire Porsche 550 Spyder des années 50, débute à Laguna Seca, en P2. Alors que les débuts étaient anticipés pour le Petit Le Mans de la même année, c’est finalement à Montherey que la LM P2 non-conventionnelle de Porsche commence sa carrière. Sous les yeux d’Hartmut Kristen, directeur de la branche motorsports du constructeur, le RS Spyder termine sa première course en vainqueur de catégorie, avec Lucas Luhr et Sascha Maassen au volant, les « juniors » de Porsche.

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En 2006 puis en 2007, les deux châssis engagés de manière officielle par l’équipe Penske dominent outrageusement l’American Le Mans Series. 7 victoires de classe en 2006, puis 11 succès en 2007 (sur 12 possibles), le RS Spyder marque de son empreinte championnat américain. Ce qui impressionne le plus, et commence déjà à faire parler, c’est la capacité de cette LM P2 à se battre avec les LM P1. Mieux, les RS Spyder ne reste pas longtemps dans l’ombre des meilleures LM P1, et Porsche se paye le luxe de battre Audi. À huit reprises pendant la saison 2007, les Audi R10 diesels sont battues et doivent s’incliner devant les RS Spyder. Une situation inédite. Audi et Porsche, les cousins germaniques, s'opposent frontalement, et font apparaitre au grand jour les limites de leurs machines et du règlement. Les LM P1 Audi sont les plus puissantes, mais le couple du diesel ne permet pas d'affronter les Porche LM P2 sur les circuits sinueux. Le règlement favorise les "petits" prototypes, et Audi fait de la figuration... pas vraiment productif pour l'image des deux marques.

En 2007, Romain Dumas et Timo Bernhard s’imposent ainsi dans les rues de Long Beach, à Reliant Park, à Mid-Ohio, à Road America, à Belle-Isle, tandis que le duo Sascha Maassen / Ryan Briscoe s’impose lors de la manche du Miller Motorspoers Park, ou encore à Lime Rock. Audi sauve la face en remportant tout de même les 12 heures de Sebring, épreuve inaugurale du championnat, mais aussi le Petit Le Mans, sans oublier l’ultime manche de Laguna Seca, épreuves parmi les plus prestigieuses de la saison.

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En 2008, le législateur commence à se pencher sur le cas du fameux RS Spyder, et le poids minimal de l’auto passe ainsi à 825 kg, contre les 750 kg prévus à l’origine et utilisés depuis les débuts. Porsche tente de compenser cet excès de poids en développant un moteur de plus de 500 chevaux, et en utilisant l’injection directe, mais le mal est fait, et Audi reprend la main en American Le Mans Series. Le RS Spyder cède en de nombreuses reprises face aux Acura des équipes Highcroft Racing ou Andretti Green Racing, tandis qu’Audi survole le championnat. Un RS Spyder s’impose tout de même lors des 12 heures de Sebring, ironie ! Timo Bernhard, associé aux Français Romain Dumas et Emmanuel Collard permettent à Porsche de remporter la classique floridienne 20 ans après son dernier succès au général.

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Dans le même temps, le RS Spyder débute en Europe avec un engagement en Le Mans Series. Ce n’est pas Penske qui engage les voitures mais les équipes Van Merksteijn Motorsport, Team Essex et Horag Racing. À chaque manche du championnat, un RS Spyder s’impose. Aux 24 Heures du Mans, le résultat est le même, avec Jeroen Bleekemolen, Peter van Merksteijn et Jos Verstappen victorieux en LM P2. Pour 2009, l’engagement est plus timide et les victoires moins nombreuses. Il faut toutefois noter le succès du Team Essex lors de la manche de Spa-Francorchamps en Le Mans Series, et le succès de la même équipe répété un mois plus tard lors des 24 heures du Mans avec un équipage identique (Casper Elgaard / Kristian Poulsen / Emmanuel Collard).

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La saison 2010 sera la dernière du RS Spyder, engagé par Muscle Milk Team Cytosport en American Le Mans Series, avec deux victoires au général. Le RS Spyder est absent de la grille de départ des 24 Heures du Mans en 2010, tandis que le nouveau règlement mettant l’accent sur la restriction des coûts rend le RS Spyder inutilisable pour des équipes privées.

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En seulement deux participations aux 24 Heures du Mans, le RS Spyder se sera imposé à chaque reprise dans sa catégorie. Ajoutez à ces succès la victoire au général à Sebring et les nombreux succès glanés tant en Europe qu’aux États-Unis, et vous obtenez une des Porsche les plus prolifiques de l’histoire ! Un véritable laboratoire roulant qui aura permis à des pilotes officiels de goûter au monde du prototype alors qu’il n’étaient à l’époque que des spécialistes du GT ou presque. C’est le cas notamment pour Romain Dumas, devenu depuis double vainqueur des 24 Heures du Mans, mais aussi de Timo Bernhard vainqueur en 2010. Tous les deux ont été impliqués dès le début du programme RS Spyder, et furent impliqués quelques années plus tard dès l’origine du programme Porsche 919...

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Crédit photo : Porsche / Geoffroy Barre

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