24 Heures du Mans 1979

Porsche se présente au départ de la 47e édition des 24 Heures du Mans en grandissime favori : aucune autre marque n'est impliquée de manière officielle. La principale opposition provient des Mirage et Rondeau, ou encore des Porsche 935 engagées en Groupe 5 ou catégorie IMSA. Mais l'usine va tomber face aux frères Kremer, avec une victoire inédite à plus d'un titre.

Les 24 Heures du Mans 1979 en bref

✅ Renault, vainqueur de l'édition 1978, ne remet pas son titre en jeu et n'est pas au départ.
✅ La 935 K3 est la première (et encore unique) voiture à moteur arrière à remporter Le Mans.
✅ Première participation d'une BMW M1, et des constructeurs Dome et Toj.
✅ Unique participation de Paul Newman, associé à Rolf Stommelen et Dick Barbour.

Les meilleurs temps

  • Meilleur tour en qualifications – Bob Wollek, Porsche 936-79 n°14 – 3'30''1 (233.52 km/h de moyenne)
  • Meilleur tour en course – Jacky Ickx, Porsche 936-79 n° 12 – 3'36''1 (227.00 km/h de moyenne)
  • Distance parcourue par le vainqueur – 4 173.93 km
  • Vitesse moyenne des vainqueurs : 173,92 km/h

Les nouveautés

  • La construction du périphérique de la ville du Mans a nécessité la démolition du deuxième pont Dunlop au virage du Tertre Rouge. Le virage est à l'occasion transformé en un virage plus rapide, raccourcissant la longueur totale du circuit de 14 mètres pour la porter à 13,630 km.
  • Heure de départ avancée de 2 heures, à 14 heures, afin de laisser aux spectateurs plus de temps pour voter le dimanche aux élections du Parlement européen.
  • Après la présentation au salon de Genève en 1978 de sa Dome-Zero, le constructeur japonais décide d'engager une version course du prototype.
  • Première participation d'une BMW M1 aux 24 Heures du Mans. La n°16 de Dieter Quester / Guy Edwards / Ian Grob ne parvient pas à se qualifier (3'59''4 en essais). La voiture engagée par March Engineering ressemblait à une M1 sous stéroïdes, avec sa carrosserie allongée, ses ailes massivement surdimensionnées et son aileron arrière agrandi. La seconde M1, première vue au Mans, est engagée par Hervé Poulain pour lui-même, associé à Manfred Winkelhock et Marcel Mignot. Ils terminent 6e. Elle arbore une livrée signée Andy Warhol, et s'inscrit dans la lignée des Art Car BMW.
  • Débuts, à 53 ans, de Paul Newman, qui termine 2e.
  • Première participation d'une Toj, avec Hubert Striebig qui engage sa SC206 propulsée par un moteur BMW, associé à Alain Cudini et Hughes Kirschoffer.

Anecdotes

  • La victoire de l'équipe Kremer Racing est à rapprocher, dans l'esprit, de celle du North American Racing Team (NART) en 1964, dernière victoire d'une structure privée vue aux 24 Heures du Mans.
  • Don et Bill Whittington, associés à Klaus Ludwig sur la 935 K3 victorieuse, ont compte jusqu'à 13 tours d'avance sur la Porsche de l'équipe Dick Barbour. Vers 11 heures le dimanche matin, Don Whittington s'arrête sur la ligne droite des Hunaudières avec une courroie de transmission cassée. Il lui faut 80 minutes pour revenir aux stands. La voiture repart toujours en tête, avec une marge de 4 tours. Un écrou de roue défectueux prend ensuite 23 minutes à réparer. Puis, dans la dernière heure, la voiture connaît un raté d'allumage.
  • 87 demandes d'engagement reçues, 60 acceptées pour 55 places finales sur la grille.
  • 19 voitures au départ sont des Porsche.
  • Mirage ne parvient pas à renouveler son accord avec Renault pour la fourniture moteur. Les 2 M10 engagées, partagées par Vern Schuppan / Jean-Pierre Jaussaud (vainqueur en 1978), et Derek Bell / David Hobbs arborent une livrée bleue et affichent le soutien des Concessionnaires Ford France, en lien avec les blocs Cosworth désormais utilisés.
  • Comme à son habitude, Jean Rondeau inscrit ses voitures dans plusieurs catégories (Groupe 6 et GTP). On retrouve des équipages inédits avec Henri Pescarolo et Jean-Pierre Beltoise pour une voiture, Jean Ragnotti et Bernard Darniche sur la deuxième, puis Jean Rondeau et Jacky Haran sur la dernière.
  • Des jantes modifiées, fabriquées en une nuit à l'usine Porsche de Weissach, ont été montées sur les deux 936 usine pour se prémunir contre d'autres crevaisons soudaines (après que Bob Wollek ait crevé à haute vitesse dans les Hunaudières le tour suivant son temps de qualifications, comme Jochen Mass à Silverstone). Ces jantes ont dû être changées dès le premier arrêt aux stands, car elles se bloquaient contre les étriers de frein sur la 936 de Ickx / Redman !
  • La boîte de vitesses de la Mirage emmenée par Jean-Pierre Jaussaud (au volant) et partagée avec Vern Schuppan et David Hobbs donne des siennes et bloque la voiture sur le circuit. Un mécanicien a été envoyé pour donner des instructions et Jaussaud a pu réparer la boîte de vitesses pour remettre le pignon de deuxième vitesse en position et retourner aux stands. La reconstruction de la boîte de vitesses a pris 4 heures. A mi-épreuve, il n'avaient pas couverts la distance minimale (à 3 tours près) et ont été disqualifiés.

Records

  • Porsche monopolise les 4 premières places et la 935 K3 des frères Kremer est la première voiture à moteur arrière à remporter Le Mans. Elle est, à ce jour encore, la seule. Depuis 1980 et la victoire Rondeau, ce sont uniquement des voitures à moteur central qui ont remporté la course.
  • La pluie torrentielle de la seconde moitié de la course a fait de cette édition des 24 Heures du Mans la plus lente depuis 1958 (4173 km couverts en 1979 contre 4101 en 1958). La distance totale parcourue reste toutefois supérieure à celle de 1995, autre année pluvieuse (4055 km seulement).
  • La 6e place de la BMW M1 Art Car n°76 restera le meilleur classement d'une M1 aux 24 Heures du Mans. Cette première a été éprouvante. La M1 a nécessité le remplacement des quatre disques de frein, de l'embrayage, ainsi qu'une reconstruction de la boîte de vitesses. La voiture a roulé la moitié de la course avec 5 cylindres.

Crédit photo : Canepa