L'histoire de BMW avec les 24 Heures du Mans n'a rien de classique. Le constructeur, détenteur du record de victoires aux 24 Heures de Spa-Francochamps, brille sur les terres dédiées aux voitures de tourisme... mais ne compte qu'un seul succès en Sarthe. Cette unique victoire, en 1999, masque pourtant les efforts faits par le constructeur pour tenter de briller aux 24 Heures du Mans. 2025 pourrait permettre de corriger cette anomalie.
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Une victoire pour débloquer le compteur
En 1939, la BMW 328 remportait sa catégorie aux 24 Heures du Mans, terminant cinquième au classement général après avoir bouclé 236 tours. Cette performance précoce révélait déjà le potentiel de la marque bavaroise... mais il fallut attendre 33 longues années pour revoir BMW sur le circuit de la Sarthe.
En 1972, l'équipe Schnitzer Motorsport engageait une BMW 2800CS, marquant le retour officiel. Cette voiture, dérivée du coupé de série, ouvrait la voie à une présence qui allait devenir de plus en plus significative au fil des décennies. Dès 1973, BMW signe une nouvelle victoire de catégorie, avec la onzième place au général de l'Autrichien Dieter Quester et du Néerlandais Toine Hezemans. sur une 3,0 CSL.

BMW s'installa progressivement dans le paysage du Mans, d'abord par l'intermédiaire d'équipes privées de 1972 à 1989. Puis de 1993 à 2000, la marque était également présente de manière plus subtile, fournissant ses moteurs à d'autres constructeurs. Le plus bel exemple de cette collaboration reste sans conteste la McLaren F1 GTR, qui remporta l'épreuve en 1995 grâce à son bloc BMW S70 V12 de 6,1 litres.
Dans une course centenaire, qui approche de sa 100e édition, BMW doit enfin débloquer son compteur de victoires.
BMW développait ensuite ses propres prototypes avec la V12 LM en 1998, avant de créer la V12 LMR. Conçue par Williams Grand Prix Engineering et engagée par Schnitzer Motorsport, la V12 LMR a terrassé les équipes d'usine d'Audi, Toyota, Mercedes-Benz, Nissan et tous les autres grands constructeurs présents. Depuis, c'est en GT que BMW a tenté de briller, d'abord avec les M3 e92 en 2010 et 2011, puis avec les M8 GTE en 2018 et 2019. Le programme M V8 Hybrid lancée en 2023, avec la première participation aux 24 Heures du Mans en 2024, signe donc le retour au plus haut niveau, 25 ans après la seule victoire de la marque. Dans une course centenaire, qui approche de sa 100e édition, BMW doit enfin débloquer son compteur de victoires.

Le constructeur allemand cumule huit autres victoires de catégories : 1939 (avec la 328), 1973, 1974, 1976, 1977 (avec la 3.0 CSL), 1975 (avec la 2002), 1984 et 1985 (avec la M1). La McLaren F1 GTR, avec son bloc BMW, a aussi apporté des victoires (au général en 1995 et en catégorie GT1 en 1997).
Une montée en puissance aux accents belges
Puisque BMW ne fait jamais rien comme tout le monde, les résultats sont eux aussi à l'image de la stratégie. En 2023, BMW s'est focalisé sur le championnat IMSA, n'engageant pas ses Hypercars en Championnat du Monde d'Endurance (WEC). Une année compliquée, marquée par des errements techniques. Enfin, en 2024, c'est face à tous les autres constructeurs, et avec l'appui de Team WRT, que les M V8 Hybrid ont pu se battre. En 2025, le programme entre donc dans sa troisième saison, et les résultats concrets arrivent... mais il manque le grand sursaut.

Une seule victoire sur la piste est pour le moment à mettre au palmarès de la M V8 Hybrid, avec un doublé signé à Indianapolis fin 2024. Une autre victoire, récupérée après un déclassement, avait été signée à Watkins Glen en 2023. En 2025, pour le moment aucune victoire en IMSA. On a longtemps cru à l'exploit aux 24 Heures de Daytona. Le compteur est vierge en WEC, mais la victoire semble possible. Le podium de Robin Frijns, René Rast et Sheldon van der Linde à Imola est venu récompenser le travail mené par Team WRT, qui apporte sa science de la stratégie et limite les erreurs que l'on voit, trop souvent, du côté de RLL aux Etats-Unis.
On a longtemps cru à l'exploit aux 24 Heures de Daytona. Le compteur est vierge en WEC, mais la victoire semble possible.
Kevin Magnussen, Raffaele Marciello et Dries Vanthoor, le trio infernal si rapide en performance pure, n'a pas encore goûté au podium en WEC.
Au-delà de la fougue, la patience en récompense ?
Que peut-in espérer pour cette édition 2025 dans le clan BMW ? A la lecture brute des résultats, et selon les dynamiques en marche depuis le début de la saison, viser la victoire semble compliqué. Et pourtant.
Sur un double tour d'horloge, la M V8 Hybrid est maintenant fiabilisée. Les 24 Heures de Daytona l'ont prouvé, avec une victoire qui semblait possible à l'entame de la dernière heure. Les progrès sont constants, les BMW ne sont plus "larguées" dans les méandres du classement Hypercar. La stratégie a fait un vrai bond en avant, autant que l'exploitation technique qui semble meilleure. La puissance du V8 est mieux transmise, l'Hypercar motrice mieux qu'à ses débuts, et peut tenir la comparaison avec les autres.

Reste que dans le rang allemand, on ne peut pas mettre de côté un aspect : la fougue de certains de ses pilotes. Si Robin Frijns, René Rast et Sheldon van der Linde sur la n°20 semblent sages, presque lisses, que dire du trio Kevin Magnussen, Raffaele Marciello et Dries Vanthoor. Le premier nommé a rapidement pris ses marques en endurance, et n'hésite pas à être rugueux en piste. Dries Vanthoor est capable du meilleur (il a enchaîné les pole position en début de saison) comme du pire, comme lors de l'édition 2024 des 24 Heures du Mans (sortie en Hyperpole alors qu'il était le plus rapide puis contact en course entrainant l'abandon). Même l'appliqué Raffaele Marciello semble avoir pris de la vélocité. Cette n°15 est clairement la BMW à suivre (comme la n°36 chez Alpine) mais sa performance pourrait être une histoire de patience. Un peu, finalement, comme en 1999.
Crédit photo : BMW