La Porsche 919 Hybrid présentée à Monza qui participera aux 24 Heures du Mans 2017 et à toute la saison du Championnat du Monde d’Endurance (WEC), est une voiture nouvelle en de nombreux points, mais la monocoque utilisée reste la même, celle vue en 2015 et 2016.
La Toyota TS050 Hybrid est, elle aussi, une voiture avec de nombreuses évolutions en comparaison avec la version 2016, mais conserve sa monocoque carbone (lancée en 2016). Chez Porsche et chez Toyota, le choix de conserver la même "base" s’explique pour des raisons de coût. Mais c’est aussi une question de responsabilité, de vision durable, qui amène les deux constructeurs à prendre cette décision.
"Cette partie de la voiture a été "gelée", non pas réglementairement, mais d'un commun accord avec Porsche jusqu'au changement de réglementation du LMP1 en 2019" explique Pascal Vasselon, directeur technique de Toyota, dans les colonnes de Motorsport.com. "La monocoque en carbone a été gelée et est identique à celle de l'année dernière. Pour des raisons d'économies, nous nous sommes mis d'accord avec nos amis et compétiteurs de Porsche pour arrêter la compétition dans ce domaine-là". La TS050 Hybrid aura une nouvelle carrosserie, un nouveau moteur, de nombreuses évolutions, tandis que 70 à 80% de la Porsche 919 Hybrid sera nouveau.
Mais on ne touche pas au châssis, organe structurel finalement assez identique entre les voitures.
Les évolutions techniques et les nouveautés sont à trouver ailleurs.
Cet accord qui n’a rien de secret entre Porsche et Toyota est une décision pleine de bon sens
Cet accord qui n’a rien de secret entre Porsche et Toyota est une décision pleine de bon sens, qui témoigne d’une volonté des deux marques de continuer leur engagement au plus haut niveau de l’endurance, sans mettre en péril leur équilibre financier.
Alors que l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) peine toujours à trouver des solutions pour limiter les coûts en LM P1, les deux constructeurs impliqués officiellement ont pris la décision de « s’entendre ». Une entente qui n’a rien d’illicite, et qui témoigne en réalité d’une vraie ouverture d’esprit.
Le gel du châssis, couplé à une stabilité règlementaire, nous permet de profiter cette année d’une troisième TS050 Hybrid sur la grille de départ des 24 Heures du Mans. Pour la première fois depuis son retour en endurance en 2012, Toyota alignera trois voitures, un facteur qui, on le sait, est souvent déterminant pour gagner, et notamment tester plusieurs stratégies, en temps réel (ce fut le cas notamment pour Porsche en 2015, avec la victoire de la « troisième » 919 Hybrid, celle des jeunes loups).
En l’absence de « grand saut » technologique entre 2016 et 2017, Toyota a pu allouer son budget restant pour engager une troisième voiture. Chez Porsche, deux 919 Hybrid seulement, mais le programme en GTE, soutenu officiellement, est stratégique et concentre des moyens importants.
Attention le « gentlemen agreement » entre Porsche et Toyota n’est en rien un frein au développement technologique. D’ailleurs, Pascal Vasselon l’a précisé en évoquant les futures règles que doit présenter l’ACO pour l’horizon 2019-2020: "La principale raison pour laquelle Toyota participe au WEC est de développer la technologie, et particulièrement la technologie hybride. Il serait presque impossible pour Toyota d'accepter un pas en arrière".
Le futur règlement pour la catégorie LM P1 hybride, dont les débuts devraient coïncider avec la saison 2020, est crucial. "Rien n'est arrêté et décidé, nous voulons discuter de toutes les possibilités afin d'avoir une réduction massive des coûts pour 2020 " confie Vincent Beumesnil, le directeur sportif de l'ACO.
En clair, Toyota veut continuer à utiliser Le Mans comme un laboratoire technologique, une vitrine pour ses technologies de route, mais sans exploser le budget. Même position chez Porsche, avec Andreas Seidl, le responsable du programme 919 Hybrid.
Comment freiner le coût de développement et d’utilisation des futures LM P1 ? L’équation semble difficile à résoudre. Mais avec l’excellente attitude que viennent de démontrer Porsche et Toyota, la volonté clairement affichée de Peugeot de revenir, et la porte toujours ouverte à Audi, nous avons toutes les raisons de penser que 2020 pourrait marquer le retour d’un plateau LM P1 hybride conséquent, avec trois ou quatre constructeurs. Qu’en pensez-vous ?