Longtemps attendue, enfin confirmée, l'arrivée de McLaren en catégorie Hypercar (à partir de 2027) continue de révéler l'engouement des marques pour l'endurance. Difficile de parler de « retour » pour la firme anglaise en Sarthe tant sa précédente présence aux 24 Heures du Mans est lointaine, et bien différente. Mais, 30 ans après le succès iconique de la F1 GTR, la marque est de nouveau au départ pour gagner la plus belle course d'endurance au Monde.
"Nous sommes de retour !"
C'est par ces mots, en anglais dans le texte "We're back!", que Zak Brown - PDG de McLaren Racing - a annoncé que McLaren sera au départ du Championnat du Monde d'Endurance (WEC) et des 24 Heures du Mans à partir de la saison 2027.
Un choix de mots étonnant, car si McLaren a en effet déjà bien disputé les 24 Heures du Mans (de 1995 à 1998, avec une victoire dès la première année), jamais la marque n'a été engagé en WEC avant l'exercice 2024, en catégorie LM GT3.
De retour, il en est plutôt question en tant que constructeur globalisé, multi disciplines, capable de se battre à la fois en monoplace (Formule 1) mais aussi en sport-prototypes. C'est d'ailleurs là tout le sens des premiers mots de Zak Brown. Ce dernier vante le fait que McLaren est à ce jour le seul constructeur a avoir décroché la Triple Couronne - Grand Prix de Monaco F1, 500 Miles d'Indianapolis, 24 Heures du Mans - et forme un vœu : le refaire, à nouveau, mais cette fois la même année.
Depuis l'émergence de la catégorie Hypercar, et l'afflux de constructeurs, des programmes sinon coordonnés mais au moins complémentaires entre F1 et endurance sont attendus. Ferrari se contente de proposer des livrées proches entre ces monoplaces et les 499P, mais ni Charles Leclerc ni Lewis Hamilton (ou Carlos Sainz avant lui) n'ont un temps été évalués pour rouler en WEC. Idem chez Alpine, où le cloisonnement semble même plus fort, entre entités séparées, bien que la marque française soit désormais impliquée dans le capital de Signatech.
Avec ce programme prévu pour 2027, McLaren pourrait faire tomber des limites, et ramener ce lien pourtant historique entre les disciplines. Faire renaître cette époque à laquelle des pilotes de F1 en activité se présentaient (voire gagnaient au Mans en juin). Cette époque où les 500 Miles d'Indianapolis intéressaient tous les pilotes.
Pour renouer avec cette histoire, on peut espérer des passerelles avec la Formule 1 du côté des pilotes peut-être. Il n'y a pas si longtemps, des pilotes en activité en F1 ont gagné au Mans la même année (Fernando Alonso en 2018, Brendon Hartley en 2017, Nico Hülkenberg en 2015, André Lotterer en 2014). Au cours des années 50, 60 et même 70, voir des équipages de 2 pilotes composés de pilotes de F1 vainqueurs au Mans était presque la norme. Le dernier duo de la sorte est celui formé par Henri Pescarolo / Gérard Larrousse, vainqueurs en 1974 (en 1991, Bertrand Gachot et Johnny Herbert avaient les 2 programmes, mais pas Volker Weidler).
Une histoire à écrire
L'épopée de McLaren au Mans est certes marquée par la victoire (en 1995, avec Yannick Dalmas, Masanori Sekiya et JJ Lehto sur la F1 GTR n°59 du Kokusai Kaihatsu Racing), mais la présence anglaise est restée limitée dans l'histoire de l'épreuve qui fêtera en juin sa 93e édition.
Au total, des McLaren F1 GTR ont été vues sur 4 éditions (de 1995 à 1998 sans discontinuer).
1995 est à ce titre l'édition la plus emblématique, car outre la victoire, on retrouvait aussi un autre châssis 3e (Andy Wallace / Derek Bell / Justin Bell, David Price Racing n°51), puis encore des F1 GTR 4e et 5e (respectivement celle du GTC Gulf Racing, la n°24, pour Mark Blundell / Ray Bellm / Maurizio Sandro Sala et la n°50 du Giroix Racing Team de Fabien Giroix / Jean-Denis Delétraz / Olivier Grouillard). 3 autres exemplaires étaient là, portant à 7 le nombre de McLaren F1 GTR en 1995.

En 1996, à nouveau 7 F1 GTR, avec 4 d'entre elles dans le Top 10, la meilleure étant celle de John Nielsen / Thomas Bscher / Peter Kox, 4e. En 1997, avec 5 F1 GTR au départ, McLaren est proche de la récidive. D'autant que 2 voitures (les n°42 de JJ Lehto / Steve Soper / Nelson Piquet et n°43 de Peter Kox / Roberto Ravaglia / Eric Hélary) sont engagées par... BMW Motorsport ! Le constructeur allemand prévoit son retour en 1998 (et gagnera en 1999 avec la V12 LMR) et utilise la GTR avec son bloc BMW S70 6 litres V12 pour faire ses gammes. La meilleure de ces voitures "usine" sera 3e, tandis que le GTC Racing échoue à 1 tour des vainqueurs, avec Jean-Marc Gounon, Pierre-Henri Raphanel et Anders Olofsson.
1998 marque l'arrivée de la 911 GT1-98, radicale, et de la montée en puissance de la catégorie GT, dont l'apogée se situe en 1999. Les McLaren F1 GTR sont moins nombreuses. Seules deux « longues queues » tentent de rivaliser, sans succès (4e place et abandon). Et puis, le livre est refermé, jusqu'au retour en 2024 en LM GT3, via United Autosports et Inception Racing. Les seconds nommés décrocheront l'Hyperpole, mais Porsche triompha en course.
Crédit photo : McLaren