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Patrick Peter : "Nous espérons 30 Group C à la saison en 2018"


Organisateur de nombreux meetings historiques, et notamment de Le Mans Classic, du Concours d'élégance de Chantilly ou encore de Spa Classic, Patrick Peter est un amoureux de l'automobile au sens noble. Lui qui a contribué à créer le championnat BPR il y a 20 ans, et qui fut longtemps le promoteur des Le Mans Series, connaît parfaitement l'endurance. Au delà des voitures, ce qui compte pour l'homme d'affaires passionné, ce sont les moments de partage, la convivialité, les échanges entre pilotes, gentlemen, passionnés, fans. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la septième édition de Spa Classic, pour faire un bilan sur cet événement désormais mâture, et évoquer ses projets.

Geoffroy Barre : Je me souviens être venu en Le Mans Series, en 2010, lors de la conférence où vous aviez annoncé le lancement de Spa Classic. Je me souviens que l’idée de base, c’était de reprendre les ingrédients qui font le succès de Le Mans Classic, mais ne pas tomber dans le piège de faire une copie de Le Mans Classic... S'adapter et faire un événement qui soit aussi une fête de l’endurance et du sport belge. Je trouve que vous avez plutôt bien réussi. Comment cela se passe pour organiser un événement qui se répète tous les ans, pour le renouveler, le faire vivre et créer l'engouement "façon Belge", alors que Le Mans Classic ne revient que tous les deux ans ?

Patrick Peter : D’abord on ne peut pas organiser Le Mans Classic tous les ans parce que c’est un circuit qui n’est pas permanent et ça pose des problèmes terribles sur le plan administratif (sinon, Le Mans Classic serait un événement annuel, à en voir l'envie de Patrick Peter ndlr). Pour Spa-Francorchamps, ce n’est pas la même histoire que Le Mans. L'histoire de Spa est plus centrée autour des voitures de tourisme, plus qu'autour des voitures GT et autres protos. C’est pour cela qu’on a voulu monter le plateau Heritage Touring Cup. Je crois que lors de la première course on devait avoir 15 voitures ou quelque chose comme ça, je ne sais pas combien il y en a là, il doit y en avoir 35 ou 40. Donc ça monte, mais il faut du temps, on n’y peut rien. Chaque année c’est deux, trois, quatre voitures de plus, mais ça vient. On est un peu enquiquinés sur la course d’endurance parce que les obligations du circuit sont un peu difficiles.

G-B : C’est-à-dire ? Vous voudriez faire des courses plus longues ?

P-P : Oui on aimerait bien pouvoir avoir plus de facilités. Mais bon le circuit a son cahier des charges, il faut qu’on le respecte. En fait, on a perdu une grosse année l’année dernière parce qu’on a fait une erreur, on s’est mis en face de Monaco Historique (mêmes dates, ndlr). Ce n'était pas du tout volontaire. Donc on a bien raté notre coup l’année dernière, on n’avait pas du tout la volonté d’embêter Monaco Historique. On s’est tiré une balle dans le pied tout seul.

G-B : Parce que vous aviez moins de concurrents ? Moins de partenaires ?

P-P : Les concurrents ! Et puis Bonhams qui est parti là-bas. Manifestement, cette année, tout "revient bien", c’est-à-dire que de 800 à 900 voitures de club, je crois que nous sommes à 1300/1400 cette fois-ci. Nous avons Bonhams qui revient avec de belles choses, entre temps nous avons pris en charge le plateau Group C sous notre aile, et on vient de prendre la F2, et c’est la première course que nous organisons avec ces voitures. Pour une première course, 19 voitures c’est parfait ! Il faut laisser le temps au temps parce qu’ils sont tous très enthousiastes, mais il y aura surement des baisses de régime dans les mois qui viennent, et ça reviendra. Mais l’objectif c’est d’avoir 25 voitures à partir de l’année prochaine régulièrement, comme d’avoir entre 25 et 30 voitures en Group C l’année prochaine. Tout ça ça monte mais c’est très long.

G-B : Justement, les Group C, la dernière fois que je vous ai vu, c’était à Retromobile et vous m’aviez dit que l’objectif c’était de faire arriver les Group C pour Le Mans Classic. Cela a été fait l’année dernière. Maintenant, ça devient une habitude de les voir, et tout se passe facilement, ou vous avez vraiment un travail à faire pour faire grossir le plateau ?

P-P : Nous avons été très enthousiasmés par tous les premiers retours, il y a plein de gens qui ont acheté des voitures, et puis on ne les a jamais vus, parce que ce sont des voitures qui sont longues à préparer, c’est compliqué, il faut fabriquer des pièces... Ce n'est pas comme une MG-B avec laquelle on téléphone et on vous livre la semaine prochaine la moitié du matériel. Donc ça monte mais ça prend du temps. Nous devions avoir 26 voitures, et en fait on en a eu 23 ici pour Spa Classic. A priori pour Dijon ça se présente bien. Moi je pense qu’on aura entre 25 et 30 concurrents l’année prochaine partout, y compris à Le Mans Classic.

G-B : Et qu’est-ce que vous faites comme travail pour grossir ces plateaux justement ? Vous discutez avec les propriétaires ou les gens qui manifestent leur intérêt pour les orienter vers les spécialistes qui préparent les voitures ? Vous avez ce rôle ?

P-P : Oui c’est un ensemble. Vous savez aujourd’hui, d’abord chez nous il y a beaucoup de concurrents qui courent dans plus d’un plateau. Et ça c’est pas mal parce que les gens aujourd’hui ont des problèmes de temps, ils veulent en profiter au maximum. Parce qu’on voit des gens qui roulent dans deux ou trois plateaux différents, cela créé un engouement. Vous savez les meilleurs ambassadeurs sont ceux qui courent et qui continuent, et incitent d'autres à venir, notamment en Group C. Après il y a les réseaux sociaux, la presse, tout ça. Mais le principal travail est de soigner notre événement, le rendre le plus agréable, beau, spectaculaire, et l'engouement suivra.

G-B : Une question sur le plateau qui est là avec les GT1, une Audi R8 et pas mal de GT. Cela ne vous fait pas un peu bizarre à vous notamment, qui avez créé le BPR, de voir des voitures qui sont issues de cette génération là, arriver sur des meetings de voitures historiques ?

P-P : Non, en réalité, je suis très content. Pour l’instant on les fait courir en tours libres, et il y en a évidemment qui veulent faire de la compétition mais ils sont très peu nombreux. Et je pense que si on fait de la compétition on n’aura pas le niveau de qualité qu’on demande, on aura que de la Porsche, et nous ce qui nous fait plaisir c’est d’avoir une Lister, une Lamborghini, une McLaren, et ça on ne les fera pas courir parce que ça coûte trop cher à faire courir.

G-B : Là on se heurte à la difficulté de faire rouler ce type de voiture…

P-P : Oui. Nous sommes les seuls à encore faire une course avec des Ferrari, des Maserati, des voitures comme ça, qu’on ne voit plus nulle part parce qu’elles coûtent beaucoup trop cher. Pourquoi ? Parce que les propriétaires savent qu’on ne va pas faire venir une voiture qui va "casser" le plateau. Ils savent qu’on ne va pas faire venir un pilote "complètement cinglé". Une McLaren F1, aujourd’hui, cela coûte 20 millions. Il n’y a plus personne qui a envie de risquer de mettre ce genre de voitures dans un rail. C’est comme une Ferrari GTO, ça ne se voit plus en course, et celles qu’on voit généralement, ce ne sont pas des vraies... Nous proposons donc un cadre sécurisant, rassurant, qui permet de faire rouler ces voitures et ainsi régaler le public.

G-B : L’ambition de ce plateau là c’est vraiment de compléter l’offre, de divertir le public ?

P-P : Oui, ce n’est pas de la compétition, c'est de la passion.

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