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Cadillac aux 24 Heures du Mans : 2002, un an trop tard !


Suite et fin de notre série en trois parties dédiée à Cadillac aux 24 Heures du Mans. Après la découverte en 2000, et la désillusion en 2001, place à l'année 2002.

Des ambitions, le Team Cadillac n’en manque pas pour la saison 2002 et les travaux des hommes de Nigel Stroud sont incontestablement dynamiques. Si la LMP-01 n’était qu’une mise à niveau de la première auto conçue dans les ateliers de Riley & Scott, la LMP-02 est un prototype radicalement nouveau. Alors que le moteur V8 n’évolue pas ou peu, si ce n’est l’installation des Turbo Garett en lieu et place des IHI, la coque et les trains roulants de cette nouvelle LMP900 sont réalisés en interne, fabriqués à Brackley en Angleterre avant d’être assemblés au sein du département compétition de Cadillac, près d’Atlanta. Outre cette majeure évolution de la voiture, l’aspect sportif est également remanié.

Désormais, l’engagement et l’exploitation des LMP-02 se font directement par le Team Cadillac et non plus sous la bannière de l’équipe DAMS, qui était au cœur du dispositif depuis 2000. Contrairement aux choix stratégiques fait en 2001, la préparation ne se fera pas en catimini lors d’essais privés mais bien en compétition. Ainsi, pour s’étalonner face à Audi et Panoz, deux voitures sont engagées aux 12 Heures de Sebring 2002 pour des équipages pratiquement identiques à ceux retenus en 2001. Coté pilotes, le seul changement concerne l’arrivée de J.J Letho qui remplace Marc Goossens aux cotés des Français Eric Bernard et Emmanuel Collard. La prise de contact sur l’exigeante piste floridienne met en exergue de sérieux problèmes de jeunesse sur les Northstar LMP- 02 avant que les essais préliminaires des 24 Heures du Mans ne plongent réellement les hommes du Team Cadillac dans le doute. Dans la Sarthe, alors que les Dallara-Judd du Team Oreca prennent fermement place dans le fauteuil d’outsider, les pilotes Cadillac ne peuvent faire mieux que les 16e et 17e temps du classement général, descendant tout juste sous la barre des 3’40 au tour. Comble de l’ironie, Marc Goossens signe quant à lui le 13e temps de la journée au volant d’une Riley & Scott Mk IIIC en 3’38’’126.

Avec près de dix secondes de déficit face à la plus rapide des Audi R8, les américains sont bien loin de leur objectif de concurrencer les redoutables prototypes du Docteur Wolfgang Ullrich.

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Finalement, la désillusion des essais préliminaires sera rapidement effacée puisque les performances enregistrées lors des qualifications retrouveront une certaine cohérence compte tenu du potentiel de la voiture. Aux contacts des Dallara-Judd, des Panoz et de la seule Bentley présente, les équipages Cadillac trouvent pour la première fois depuis le début du programme en 2000, une place qui leur revient. Celle d’un constructeur bien décidé à concurrencer l’ogre Audi aux 24 Heures du Mans. Cette année-là, l’ogre ne sera pas battu. Ni par Cadillac, ni par Dome, ni par Panoz, ni par Oreca.

Bien que les deux Northstar LMP-02 soient à l’arrivée de cette 70e édition de la classique mancelle, aucun pilote ne pourra réitérer les chronos signés lors des essais qualificatifs alors que des ennuis mécaniques cloueront bien trop longtemps les voitures au fond du box. Certes, les Cadillac ne se sont arrêtées qu’une fois de plus que l’Audi R8 victorieuse, mais là où l’allemande n’a passé que 38 minutes enlacée par les pistolets pneumatiques, les prototypes américains sont restés stoppés 1 h 40 (n°7) et 2 h 40 (n°8) sur l’ensemble de la course. Après l’analyse des performances, des satisfactions et des déboires vécus durant ces 24 Heures du Mans 2002, un déclic incontestable se produit en American Le Mans Series, lors des courses de Mosport, Laguna Seca et Miami, conclues sur le podium.

The Cadillac Northstar LMP 02 was unveiled at Sebring, Fla., Tuesday (1/15/02). The all-new LMP will compete in the 2002 Alms and the 24-Hours of Le Mans in France.

Pour la dernière manche de la saison, après trois années d’un programme rondement mené, les Cadillac Northstar LMP-02 franchissent la ligne d’arrivée de Petit Le Mans à la 3e et 4e place ! Alors que l’équipe officielle Audi voyait enfin pointer un museau gris et noir dans les rétroviseurs de leur R8, l’aventure s’arrêtera sur le circuit de Road Atlanta, le 12 octobre 2002 "Le programme était initialement prévu pour 3 ans mais tout le monde était persuadé qu’on continuerait en 2003. Tout le monde bossait pour 2003, une nouvelle voiture était pratiquement prête. Malheureusement ils ont décidé de s’en tenir au programme initial. Ce fût un gros gâchis mais pour moi ça reste de belles années, Eric Bernard, Emmanuel Collard, Franck Montagny, Franck Lagorce… On était plusieurs « frenchies » c’était une superbe époque" conclut ainsi Christophe Tinseau.

À la fin de cette année 2002, trois ans après le retour de Cadillac au plus haut niveau mondial de l’endurance, General Motors annonce officiellement que le programme LMP900 ne se poursuivra pas en 2003. Ce choix des décideurs de General Motors, s’explique par leur volonté de promouvoir la marque Chevrolet sur la scène internationale au travers du programme sportif des Corvette C5-R (puis C6-R et C7-R) en American Le Mans Series et aux 24 Heures du Mans. Une décision qui s’avérera judicieuse tant les voitures jaunes collectionneront les succès et les trophées au cours de leur carrière.

Crédit photo : Audi et Cadillac/GM

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